Il y a 103 ans disparaissait Eugénie, la dernière impératrice des Français et la célèbre épouse de Napoléon III (1808-1873).
Née à Grenade en Espagne le 5 mai 1826, Eugénie de Guzman, Comtesse de Teba, est bercée par les récits napoléoniens et une grande admiratrice de l’empereur Napoléon 1er (1769-1821). Jeune fille, elle fuit la guerre civile espagnole pour Paris avec sa mère, la Comtesse de Montijo, et sa sœur la Duchesse d’Albe. Parmi ses proches, M. Beyle (Stendhal), son professeur d’histoire, et Prosper Mérimée.
Dans le Paris de Louis-Philippe (règne 1830-1848), elle fréquente la haute société où sa grâce et sa beauté ne passent pas inaperçus, jusque dans les salons très prisés de la Princesse Mathilde, cousine d’un certain Louis-Napoléon Bonaparte, lui-même neveu du célèbre Napoléon 1er. C’est dans l’appartement de la princesse, en 1849, qu’a lieu la rencontre qui changera le destin d’Eugénie. Louis-Napoléon n’est pas encore empereur, mais il est déjà Président de la IIe République, élu en décembre 1848. Il est aussi immédiatement sous le charme de la belle andalouse. De son côté, Eugénie est bien sûr impressionnée par son prétendant, un Bonaparte! Mais connaissant sa réputation de libertin, elle ne cède pas si vite à ses avances. Alors qu’il lui aurait demandé par où passait le chemin jusqu’à sa chambre, Eugénie lui aurait ainsi répondu «par la chapelle, Monsieur!».
Le 30 janvier 1853, à Notre-Dame de Paris, après une cour assidue de deux années, des jardins de Saint-Cloud aux appartements du château de Compiègne, Eugénie épouse celui qui, après avoir restauré l’empire le 2 décembre 1852, est devenu l’Empereur des Français Napoléon III. Ensemble, ils auront un fils, le prince impérial Eugène Louis Napoléon, dit Louis-Napoléon, né le 16 mars 1856.
Le Second Empire est fastueux. L’Impératrice Eugénie en est le centre, et l’ambassadrice de ce qu’on appellera la «fête impériale» qui fait rayonner l’empire français au-delà de ses frontières. Amie de la reine Victoria et de l’Impératrice d’Autriche Sissi, très mondaine, elle influence les modes, la vie artistique et sociale, en France et à l’international, notamment à travers l’organisation de deux Expositions Universelles éblouissantes en 1855 et 1867.
Le règne d’Eugénie durera jusqu’à la chute du Second Empire, le 4 septembre 1870, provoquée par la défaite de la France face à la Prusse de Bismarck. Il lui reste 50 ans à vivre. Elle les passera en exil en Angleterre avec son fils et son mari. Napoléon III meurt le 9 janvier 1873 dans leur résidence de Camden Place. Leur fils décède en mission en Afrique du Sud sous l’uniforme anglais le 1er juin 1879. Eugénie est dévastée. Elle s’installe alors au domaine de Farnborough Hill à 30 minutes de Londres, où elle fait construire une église avec une crypte pour l’Empereur et son fils, entre lesquels elle prévoit sa place.
Elle voyage beaucoup sur son yacht, le Thistle: Italie, Grèce, Norvège, Irlande, Tunisie, Egypte, et même Ceylan en Inde. Elle se fait aussi construire la Villa Cyrnos au Cap Martin dans le Sud de la France. Pendant la Première Guerre Mondiale, elle propose son aide à la France qui refuse. Elle fera de sa résidence londonienne un hôpital pour les soldats français blessés. Lors de l’armistice, elle communique à Clémenceau une lettre du roi Guillaume 1er de Prusse qui prouve que l’Alsace est bien française, permettant à la France de récupérer ces territoires lors du Traité de Versailles le 28 juin 1919.
Eugénie reviendra peu en France. Sa dernière visite à Fontainebleau, émouvante, est joliment racontée et illustrée de photographies exceptionnelles dans le livre d’Étienne Chilot «La Dernière visite» aux éditions Le Charmoiset (que je vous recommande).
Eugénie, la dernière impératrice des Français et ultime témoin des fastes d’un monde passé et dépassé, décède le 11 juillet 1920 à Madrid à l’âge de 94 ans. Son corps quitte l’Espagne le 16, et une chapelle ardente exposant son cercueil est érigée sur le quai de la gare d’Austerlitz à Paris, où de nombreux Français de toutes origines géographiques et sociales rendent hommage à celle qui fît partie de leur Histoire. Ayant gagné l’Angleterre par le Havre, Eugénie est inhumée avec les honneurs dans la crypte de la chapelle impériale de l’abbaye de Farnborough Hill. Là, devant une assemblée prestigieuse qui compte les rois et reines d’Angleterre, d’Espagne ou encore du Portugal, et des descendants de la dynastie Bonaparte, l’ex-impératrice est placée entre son mari et son fils, où elle repose encore aujourd’hui.
Pour tout savoir sur Eugénie, n’hésitez pas à visiter les résidences impériales de Fontainebleau et de Compiègne, et à explorer notamment le beau musée de l’Impératrice du château de Compiègne.
SOURCES
Visite du musée de l’Impératrice à Compiègne
« La Dernière visite » d’Étienne Chilot aux éditions Le Charmoiset
« La Dernière souveraine » d’Étienne Chilot aux éditions Le Charmoiset
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