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Photo du rédacteurIgor Robinet-Slansky

16 OCTOBRE 1793: MORT DE MARIE-ANTOINETTE



Tableau
Marie-Antoinette quittant la Conciergerie le 16 octobre 1793

Le 16 octobre 1793, quelques mois après son époux Louis XVI, guillotiné le 21 janvier, Marie-Antoinette monte à son tour sur l’échafaud où elle meurt. 23 ans auparavant, à 15 ans, elle avait quitté la cour de Vienne où elle était née archiduchesse d’Autriche, le 2 novembre 1755, pour épouser, le 16 mai 1770, le dauphin de France, Louis-Auguste. Près de 20 ans après être devenue reine de France, le 10 mai 1774, la mort de Marie-Antoinette sonne définitivement le glas d’une monarchie française séculaire, et jusque-là indétrônable.



MARIE-ANTOINETTE, HAÎE

 

Quand la Révolution éclate en 1789, Marie-Antoinette n’est plus la jeune reine que le peuple a aimée. Accusée de mœurs dépravés, elle est aussi surnommée tour à tour «Madame Déficit» ou «l’Autrichienne» car soupçonnée d’avoir ruiné le royaume ou encore d’avoir trahi la France pour le compte des cours étrangères, ennemies de la Révolution.



Après les journées des 5 & 6 octobre 1789 -une foule de Parisiennes et Parisiens marche sur Versailles-, la famille royale est contrainte de quitter son château de Versailles et de rejoindre le Palais des Tuileries à Paris. Mais après l’échec de la fuite de Varennes, les 20 et 21 juin 1791, la confiance est rompue entre la famille royale et le peuple. À tel point que le 10 août 1792, la foule envahit les Tuileries, et le soir même, l’Assemblée vote la déchéance du roi. La famille royale est arrêtée et enfermée à la prison du Temple le 13 août. C’est la fin de la Monarchie et de la société d’Ancien Régime.

 

DU PROCÈS À LA MORT DE MARIE-ANTOINETTE

 

Après la mort de Louis XVI le 21 juin 1793, accusé de trahison, Marie-Antoinette concentre toutes les haines des révolutionnaires et du peuple. Dans la nuit du 1er au 2 août 1793, elle est transférée à la Conciergerie en vue de son procès qui débute le 3 octobre suivant devant le Tribunal Révolutionnaire. Trois chefs d’accusations : collusion avec l’Autriche, dépenses excessives et opposition à la Révolution. Ses avocats, réputés, Claude Chauveau-Lagarde et Guillaume Alexandre Tronçon-Ducoudray, n’auront que deux jours pour se préparer. Elle est finalement condamnée à mort par décapitation.



Le 16 octobre 1793 à 10h du matin, on lui lit la sentence. On lui coupe les cheveux, on l’habille d’une chemise blanche, et elle monte dans une simple charrette, les mains liées dans le dos par le bourreau Sanson. Pour Louis XVI, on avait accepté qu’il soit en habit et transporter en carrosse. Pour Marie-Antoinette, on ne fait aucune concession. Le comédien Grammont suit le cortège et est payé pour l’insulter et haranguer la foule tout au long du trajet jusqu’à la Place de la révolution (ancienne place Louis XV, aujourd’hui place de la Concorde). Un trajet qui durera près de deux heures. A midi elle arrive près de l’échafaud. On raconte qu’en montant, elle marche sur le pied du bourreau et s’excuse d’un «Monsieur, je vous demande pardon, je ne l’ai pas fait exprès». Finalement, elle monte sur la guillotine. A 12h15, l’ancienne reine n’est plus. Les cris de « Vive la République » retentissent alors.

 

LES ADIEUX DÉCHIRANTS AVANT LA MORT DE MARIE-ANTOINETTE

 

Pour témoignage de sa fragilité de condamnée, de sa résignation toute chrétienne, mais aussi de sa grandeur d’âme royale à l’heure d’une mort inexorablement proche, voici un extrait de la lettre déchirante destinée à sa belle-sœur, Madame Elisabeth – elle ne la recevra pas. Cette lettre, elle l’écrira dans sa cellule de la Conciergerie à 4h30 du matin exactement, le 16 octobre 1793. Elle y dit adieu à ses enfants et pardonne à ses bourreaux et détracteurs :

 

« Je viens d’être condamnée non pas à une mort honteuse, elle ne l’est que pour les criminels […]

Je suis calme comme on l’est quand la conscience ne reproche rien, j’ai un profond regret d’abandonner mes pauvres enfants ; vous savez que je n’existais que pour eux, et vous, ma bonne et tendre Sœur […].

Que mon fils n’oublie jamais les derniers mots de son père, que je lui répète expressément : qu’il ne cherche jamais à venger notre mort. [..]

Je pardonne à tous mes ennemis le mal qu’ils m’ont fait. Je dis ici adieu à mes tantes et à tous mes frères et sœurs. J’avais des amis, l’idée d’en être séparée pour jamais et leurs peines sont un des plus grands regrets que j’emporte en mourant, qu’ils sachent, du moins, que jusqu’à mon dernier moment, j’ai pensé à eux. Adieu, ma bonne et tendre Sœur ; puisse cette lettre vous arriver ! Pensez toujours à moi ; je vous embrasse de tout mon cœur, ainsi que ces pauvres et chers enfants; mon Dieu ! qu’il est déchirant de les quitter pour toujours. Adieu, adieu ! » 

 

SOURCES

 

  • Visite de la Conciergerie

  • Visite de la Chapelle Expiatoire

  • « Chère Marie-Antoinette », Jean Chalon, éditions POCKET (1999)

  • «  Marie-Antoinette », Stefan Zweig, éditions Livre de Poche (1932)

 

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