Il y a 210 ans, le 6 avril 1814, Napoléon 1er signait son second acte d’abdication en deux jours dans son salon particulier du château de Fontainebleau. Située dans le Grand Appartement de l’Empereur, cette pièce décorée de brocart cramoisi à motifs de lyres et de rosaces devient alors pour les siècles à venir le «salon de l’abdication».
Comment l’homme qui domine alors l’Europe se retrouve-t-il à abdiquer? Pour le comprendre, revenons sur l’histoire de ce jeune soldat Corse devenu empereur des Français.
Napoleone Buonaparte est né le 15 août 1769 à Ajaccio, en Corse. Engagé dans les armées révolutionnaires de la 1ère République Française, il en devient général en 1793 et brille par ses exploits militaires (notamment lors de campagnes en Italie en 1796, puis en Egypte en 1798).
Le coup d’Etat du 18 brumaire de l’an VIII (soit le 9 novembre 1799) le propulse à la tête de l’État comme Premier Consul. Ses premières années de gouvernement son couronnées de succès: il remet la France sur pieds après la Révolution, et les finances, l'administration, l'État, l'économie et la société sont reconstruits. Il crée ainsi le Code Civil (mais aussi les codes pénal, rural ou du commerce); il met en place le franc, fonde le lycée ou encore la Légion d’Honneur, et rétablit la paix à l'intérieur comme à l'extérieur du pays.
Fort de sa gloire grandissante, et désireux de transmettre son pouvoir à ses descendants, il est d’abord nommé Consul à vie avant d’instaurer l’Empire le 18 mai 1804. Ce nouveau régime impérial, voté d’abord par le Sénat, est ensuite approuvé par les Français le 6 novembre suivant par plébiscite.
Napoléon Bonaparte est ainsi sacré Empereur des Français, avec sa femme Joséphine de Beauharnais, et en présence du Pape Pie VII, le 2 décembre 1804 à Notre-Dame de Paris. Ils deviennent alors pour la postérité: l’empereur Napoléon 1er et l’impératrice Joséphine. Pour rappel, Napoléon divorcera de Joséphine en 1809, cette dernière ne pouvant lui donner d’héritier. Il épousera ainsi en secondes noces l’archiduchesse Marie-Louise d’Autriche, qui n’est autre que la petite nièce de l’ex-reine de France Marie-Antoinette, avec laquelle il aura un fils, titré Roi de Rome, qui, lui, mourra en exil en 1832.
Le Premier Empire devait garantir et pérenniser les valeurs républicaines. Cependant, très vite, une monarchie impériale autoritaire s’installe. Les libertés sont restreintes, une noblesse d’Empire est instaurée, et Napoléon 1er veut conquérir l’Europe pour contrer la Grande-Bretagne, la puissance économique et politique concurrente. Il renforce les frontières naturelles de la France et, avec sa Grande Armée, il construit son Grand Empire en soumettant à son pouvoir de nombreux états européens, appelés alors «états vassaux», à la tête desquelles il place ses proches et des membres de sa famille.
Mais les nations européennes, souvent des monarchies, s’inquiètent face à cet ancien soldat de la Révolution française. En outre, la crise économique, religieuse et sociale qui s’installe en France fragilise l’Empire de l’intérieur. Les états conquis vont alors saisir l’occasion pour ranimer les nationalismes sur leur territoire et tenter de renvoyer chez lui l’envahisseur français.
Malgré des succès et une armée réputée invincible, en 1812, Napoléon perd la guerre contre la Russie du Tsar Alexandre 1er. Les nations européennes profitent de sa faiblesse pour se retourner contre la France qu’elles envahissent. Acculé sous tous les fronts, Napoléon 1er tient tête mais finit par plier. Le 30 mars 1814, Paris capitule, poussant l’empereur à se réfugier dans son château de Fontainebleau.
Le 2 avril 1814, le Sénat vote la déchéance de Napoléon 1er. Le 4 avril suivant, reclus dans son appartement de Fontainebleau, ce dernier est contraint d’abdiquer en faveur de son fils, le roi de Rome. L’empire n’est donc pas encore totalement perdu. Mais, deux jours plus tard, le 6 avril, sommé par ses maréchaux de renoncer au pouvoir, l’empereur abdique finalement une seconde fois, renonçant définitivement au trône pour lui et sa famille. C’est la fin du Premier Empire.
Ces deux abdications successives sont signées sur le guéridon que l’on peut encore voir aujourd’hui dans le salon de l’abdication, au sein des appartements de l’Empereur du château de Fontainebleau, ce château dont Napoléon avait fait un véritable palais impérial.
Pour la suite, reclus dans sa chambre, l’ex-empereur tente sans succès de se suicider dans la nuit du 12 au 13 avril. Contraint de partir en exil sur l’Ile d’Elbe au large de la Toscane, il choisit de mettre en scène ses adieux le 20 avril dans la cour d’Honneur du château. Après avoir convoqué sa garde, il descend le célèbre escalier en fer à cheval et prononce un discours poignant au cœur de cette cour d’Honneur qui devient pour l’Histoire «la cour des Adieux».
En France, c’est la période de la Restauration qui débute avec le retour d’un roi, Louis XVIII, frère de Louis XVI. Mais Napoléon s’échappe d’exil et remonte vers Paris entre le 1er et le 20 mars 1815, réussissant, sur son passage, à rallier le peuple et l’armée à sa cause. Il s’arrête à Fontainebleau pour la dernière fois de sa vie le 20 mars 1815 avant de regagner Paris où il va de nouveau régner pendant «Cent Jours». Cependant, le 22 juin 1815, au Palais de l’Elysée, il se voit une nouvelle et ultime fois contraint d’abdiquer après la défaite contre la coalition européenne à Waterloo, en Belgique, le 18 juin précédent.
Napoléon se réfugie alors sur l’Île d’Aix, au large des côtes françaises, avec l’idée de fuir vers les États-Unis. Mais berné par les Britanniques qu’il suit jusqu’en Angleterre, il est finalement emmené en exil forcé à Longwood House, sur l’île de Sainte-Hélène, où il mourra le 5 mai 1821 à 17h49, à l’âge de 51 ans.
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