Il y a 235 ans, le 6 octobre 1789, Louis XVI, Marie-Antoinette et leurs enfants étaient contraints par une foule de Parisiennes et Parisiens de quitter leur palais de Versailles pour s’installer dans celui des Tuileries à Paris. Ils ne le savent alors pas encore, mais ils ne reverront plus leur château, et après eux, plus aucun monarque n’y résidera.
Que s’est-il donc passé pour provoquer ce départ du 6 octobre ? Revenons quelques mois en arrière. Le 4 mai 1789, les États Généraux se sont ouverts à Versailles, réunissant les Trois Ordres qui composent la société (Noblesse, Clergé & Tiers-État) pour tenter de sauver les finances du royaume.
Le 20 juin, face à l’inaction des autres députés, ceux du Tiers-États, réunis dans la salle du Jeu de Paume, se proclament en assemblée délibérante et constituante représentative du peuple, et font le serment de donner une constitution à la France pour fixer le rôle de chaque pouvoir – c’est le Serment du Jeu de Paume.
Le 14 juillet suivant, a lieu la célèbre pise de la Bastille, symbole de la colère montante du peuple. Le 4 août, les privilèges sont abolis, et le 26 est proclamée la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, marquant la fin de la société d’ordres qui structurait la France depuis le Moyen-Âge.
OCTOBRE 1789 : LA RÉVOLUTION EN MARCHE
Dans ce contexte, l’automne 1789 est empli de l’effervescence des commencements de la Révolution. C’est ainsi que le 5 octobre, une foule de femmes, rejointe par les hommes, quitte Paris pour marcher vers Versailles. Elle réclame du pain et le retour de la famille royale à Paris. Le peuple qui marche exige aussi la ratification de décrets concernant la Constitution, et celle de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen.
Lorsqu’ils arrivent à Versailles, Louis XVI, qui était alors parti à la chasse, est prévenu de leur arrivée et de leurs revendications ; tandis que Marie-Antoinette, qui déjeunait avec sa fille dans son petit appartement (selon les mémoires de la duchesse d’Angoulême, sa fille) et non dans sa grotte privée du jardin du Petit Trianon, comme on le dit souvent, est elle-aussi immédiatement avertie.
Une délégation de représentants du peuple est alors reçue par Louis XVI qui promet du pain et signe les décrets. Il demande cependant la nuit pour réfléchir au retour à Paris, et reste sous la protection de la garde nationale commandée par le célèbre Général La Fayette.
LA NUIT HISTORIQUE DU 5 AU 6 OCTOBRE 1789
En attendant la décision royale, la foule campe devant les grilles du château. Mais au petit matin du 6 octobre, vers 5 heures, des manifestants impatients et virulents – et alcoolisés - lancent l’assaut sur le palais en criant « À mort la Reine, À mort le Roi ! ». Ils n’ont pas besoin d’abattre les grilles pour pénétrer dans la cour Royal puis dans la cour de Marbre, puisque, confiant, on n’avait pas pris soin de donner l’ordre à la garde royale de les fermer. Une fois dans la cour de Marbre, ils ne s’arrêtent pas là ! Ils finissent en effet par entrer dans le château où ils se retrouvent face à l’escalier de la Reine qu’ils décident d’emprunter pour aller à l’encontre du roi. C’est là, sur les marches de ce sublime escalier en marbre polychrome qui mène aux Grands appartements de la reine et du roi, que sont alors tués deux gardes royaux qui tentaient de faire reculer les envahisseurs.
Dans sa chambre, la Reine est alertée. Elle fuit par une porte dérobée située à gauche de son lit, en passant par ses cabinets intérieurs, dont le fameux cabinet de la Méridienne, puis par un dédale de couloirs cachés. Elle arrive ainsi à la porte de la chambre du roi qui, malheureusement, est verrouillée. Louis XVI, de son côté, est en effet parti la rejoindre par un autre passage.
Finalement, le couple royal finit par se retrouver avec ses enfants Louis-Charles et Marie-Thérèse. La famille est ainsi réunie dans la chambre du Roi située au cœur du château et en surplomb de la cour de Marbre, où se tient encore une partie de la foule. Les émeutiers sont, quant à eux, freinés dans leur progression, et après cet épisode tumultueux, les esprits se calment avec l’arrivée de La Fayette.
Dans la cour de Marbre, sous le balcon de la chambre du Roi, donc, le peuple demande à voir Louis XVI pour s’assurer qu’il n’a pas fui. Ce-dernier s’exécute. On crie alors des « Vive le Roi ! le Roi à Paris ! », puis on demande à voir la Reine. Marie-Antoinette apparaît alors au balcon, avec leur fils, le dauphin Louis-Charles. Mais contrairement au roi, on la hue, elle, « l’Autrichienne » accusée d’être la cause de tous les maux du pays. On la soupçonne aussi de ne pas oser se présenter seule devant son peuple et de se protéger derrière son fils. Interpellée par des « pas d’enfant ! », et avec courage et dignité, elle revient seule, avec Lafayette qui la rejoint, s’incline et lui baise la main. On entend alors des « Vive la Reine ! Vive le Général ! » qui émanent de la foule.
Mais la famille royale n’a plus le choix. Elle est contrainte de suivre le peuple et de quitter Versailles afin de rejoindre le Palais des Tuileries à Paris, escortée par une foule qui scande tout au long du chemin: «Nous ramenons le boulanger, la boulangère et le petit mitron!». Louis XVI et Marie-Antoinette ne reverront plus jamais Versailles.
LES JOURNÉES D’OCTOBRE 1789 : UN TOURNANT CRUCIAL
Ces journées des 5 & 6 octobre 1789 sont cruciales dans notre Histoire. Le pouvoir politique bascule en effet alors de Versailles vers Paris, et la Déclaration des Droits de l’Homme, comme la Constitution, sont désormais ratifiées par Louis XVI. La révolution est plus que jamais en marche pour encore plusieurs années. Louis XVI et Marie-Antoinette n’en réchapperont pas. Seule leur fille, Marie-Thérèse s’en sortira.
Quoi qu’il en soit, la prochaine fois que vous visiterez le château de Versailles, pensez à ces journées d’octobre en passant par la Cour de Marbre et l’escalier de la Reine, ou encore si vous visiter les cabinets Intérieurs de Marie-Antoinette – dont celui de la Méridienne (visibles en visite guidée à réserver sur le site du château)
Comments