Direction la Grèce, terre de mythes par excellence, pour découvrir l’histoire d’Athènes, sa capitale. Une ville dont l’histoire riche et complexe, qui remonte à plus de 4 000 ans, a marqué de son empreinte l’ensemble des civilisations européennes et au-delà. Berceau de la démocratie, de la philosophie et de courants artistiques, culturels, scientifiques et intellectuels qui nous influencent encore, Athènes évolue aussi, comme souvent en Grèce, entre mythe et réalité. Voici donc la légende de la naissance de la mystérieuse cité antique d’Athènes.
ATHÉNA VS POSÉÏDON : UN DUEL AU CŒUR DE L’HISTOIRE D’ATHÈNES
Pour cela, revenons aux temps mythologiques, quand Athènes se nommait encore Cécropia, une cité fondée par le roi Cécropos, un personnage mi-homme, mi-serpent. Un jour, le Fait (ou le Destin) -divinité aveugle issue de la nuit et du chaos dont les décisions sont immuables et impossibles à modifier ou contrer, pas même par les dieux- prédit que la ville sera bientôt la plus riche et la plus puissante de Grèce.
Ayant eu vent de cette prédiction, Athéna, la déesse de la Guerre, de la Paix et de la Sagesse, qui n’est autre que la fille de Zeus, le roi des dieux, et Poséidon, le dieu de la Mer et frère de Zeus, vont alors se disputer le titre de divinité poliade, c’est-à-dire de divinité protectrice de la cité.
Pour se départager, ils décident d’organiser un concours. Ils réunissent ainsi les Athéniens (ou Cécropiens plutôt à l’époque) sur l’Acropole (littéralement «la ville haute») en proposant d’offrir chacun le cadeau qu’ils jugent le plus utile à la ville. Le présent qui aura la préférence des citoyens apportera la victoire à la divinité qui l’aura offert.
Le concours commence. D’un coup de Trident, Poséidon fait alors jaillir une source d’eau salée en haut de l’Acropole, garantissant aux Athéniens la maîtrise des mers -une variante raconte qu’il aurait offert un étalon noir invincible pour apporter la puissance guerrière aux Athéniens.
De son côté, Athéna choisit de faire don à la ville d’un olivier qu’elle fait naître et pousser d’un coup de lance au sommet de l’Acropole.
Les avis sont partagés au sein de la population. Les hommes choisissent l’eau salée, qui peut apporter la victoire et la gloire par les mers (ou, selon l’autre version, le cheval, symbole de force, de courage et de victoire à la guerre). Les femmes, elles, choisissent l’olivier, symbole de paix et de sagesse, mais aussi et surtout parce que, contrairement à la gloire qui est incertaine, l’olivier est garant de rendements durables et ses produits sont bien réels (son huile nourrit et éclaire, son bois réchauffe et permet de bâtir les maisons).
Plus nombreuses, les Athéniennes ont le dernier mot. Athéna devient ainsi la divinité protectrice de la cité qui prend son nom, Athènes. De rage, Poséidon décide d’inonder sous la mer une partie de la région de l’Attique où se situe Athènes. Pour le calmer, un temple à sa gloire est édifié, et le roi Cécropos, lui-aussi furieux contre les femmes, choisit de les punir: il décide qu’elles ne pourront plus voter et que leurs descendants prendront le nom de leur époux et non plus le leur. Au-delà de la création d’Athènes, cette histoire marque aussi en quelque sorte les fondements d’une inégalité des sexes séculaire.
ATHÉNA : UNE DIVINITÉ CÉLÉBRÉE À TRAVERS LES SIÈCLES
Le mythe d’Athéna et son culte seront institutionnalisés un peu plus tard par Amphicton. Époux de la petite-fille du roi Cécropos, il est devenu roi après avoir détrôné son beau-père Cranaos. Une fois sur le trône, il va décider d’instituer officiellement le culte d’Athéna dans la ville d’Athènes.
C’est donc dans la légende que l’histoire d’Athènes s’est fondée.
Protégée par Athéna, l’une des déesses les plus importantes de la mythologie grecque, la capitale grecque n’aura de cesse de la célébrer au fil des siècles, notamment lors des fêtes des Panathénées, auxquelles participent tous les habitants de l’Attique chaque année au mois de juillet.
Festivités sociales et religieuses, danses, festins, compétitions… pendant près de deux semaines, tout n’est qu’hommage à la déesse. En 329 avant notre ère, un stade géant, le stade Panathénaïque, est même construit pour accueillir les épreuves sportives. D’abord en bois, il sera rebâti au 2e siècle en marbre blanc (d’où son autre nom de Kallimarmaro, soit « Beau marbre ») à la demande d’Hérode Atticus (101-176), un orateur, philosophe & riche mécène de l’époque, afin d’organiser les combats de gladiateurs et des courses de chars. Délaissé et démantelé au fil des siècles, le stade des Panathénées a été reconstruit à l’identique au 19e siècle, dans la perspective des premiers Jeux Olympiques modernes de 1896. C’est ici qu’a eu lieu le 26 avril 2024 la cérémonie de passation de la flamme olympique entre la Grèce et la France (une cérémonie grandiose et émouvante à laquelle j’ai eu la chance d’assister).
Autres emblèmes de la dévotion de la ville à Athéna: les monuments de l’Acropole. Ici, sur l’ancienne ville haute, plusieurs temples et monuments seront bâtis pour l’honorer, notamment à la demande de Périclès (-460/-429), un homme politique riche, influent et fin stratège, élu aux plus hautes fonctions de la ville. Des édifices qui rappellent Athéna et son importance pour la cité antique.
Le célèbre Parthénon: Ce monument grandiose et emblématique de style dorique en marbre blanc a été bâti entre -477 et -432 par le sculpteur Phidias et les architectes Ictinos et Callicratès. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce n’est pas un temple dédié à la déesse, mais un écrin majestueux conçu pour accueillir une colossale statue chryséléphantine (en or et ivoire) de 12 mètres de haut représentant Athéna Parthénos (Athéna Vierge).
Le temple d’Athéna Niké: un temple en marbre blanc dédié à Athéna Niké (victorieuse), érigé entre -425 et -424 par Callicratès, et qui domine le rocher de l’Acropole du haut de son promontoire de 8 mètres.
L’Erechthéion: Bâti après la mort de Périclès, entre -421 et -406, ce temple divisé en deux parties conserverait les corps de deux rois légendaires de l’histoire d’Athènes : Cécrops, le roi mi-homme mi-serpent, et son père, le roi Erechthée. Sa partie centrale serait, en outre, un vestige du Pandroseïon, un temple élevé sur le lieu sacré où Athéna et Poséidon se seraient disputé la protection de la ville, et où l’olivier de la déesse aurait ensuite poussé. L’Erechthéion serait ainsi également un temple hommage aux deux divinités.
Les Propylées: Ce sont les immenses et impressionnantes portes d’entrées du site de l’Acropole construites par l’architecte Mnésiclès en 437 av. J.C.
Si vous n’avez jamais eu l’occasion de visiter Athènes, il faut absolument remédier à ce manquement. C’est la deuxième fois que je visite la capitale grecque, et je suis encore et toujours plus séduit.
Plus d’informations sur Athènes, son patrimoine, sa vie culturelle et ses actualités sur le site de This is Athens.
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