Comme vous le savez, l’Opéra Garnier, à Paris, doit son nom à l’architecte Jean Louis Charles Garnier (1825-1898). Alors que les grands travaux menés depuis 1853 par Haussmann à la demande de Napoléon III (1808-1873) pour faire de Paris la «capitale des capitales» battent leur plein, c’est en 1861 que l’empereur confie au jeune architecte Charles Garnier le projet d’un nouvel opéra au cœur du nouveau Paris moderne. Un monument qui doit assoir la grandeur de la France et du Second Empire (1852-70) tant par son architecture fastueuse (multiplicité et richesse des matériaux) et ses décors luxueux (polychromie et dorures) que par sa modernité (structure métallique, gaz…).
Mais Charles Garnier n’a pas seulement signé l’architecture de l’opéra. Il y a aussi laissé une empreinte plus personnelle: son visage et celui de sa femme Louise sculptés dans les décors mêmes du monument!
Mais pourquoi donc un tel parti-pris audacieux et un tantinet narcissique?
En réalité, il faut remonter à l’histoire même de l’opéra et au contexte dans lequel il est édifié. En effet, si la première pierre est posée le 21 juillet 1862, sous le Second Empire, l’opéra n’est finalement inauguré que le 6 janvier 1875, après la chute de Napoléon III en 1870, et donc sous la 3e République du Président de la République Patrice de Mac Mahon.
Or, si la façade et les extérieurs, finalisés avant la chute du Second Empire, portent bien les marques du régime -le «N» de Napoléon III et le «E» de l’impératrice Eugénie trônent sur la façade ainsi que sur les sculptures autour de l’opéra, où l’on retrouve également des aigles impériaux-, l’intérieur de l’opéra, lui, n’a été terminé que sous la 3e République. Ainsi, contrairement au projet initial prévu par Garnier, on ne trouve aucune marque impériale dans les décors, du Grand Escalier à la salle de spectacle, en passant par le Grand Foyer.
Et c’est d’ailleurs ici, dans le sublime Grand Foyer, que se cachent les sculptures représentant Charles et Louise Garnier. Aux extrémités de cette galerie de 54 mètres de long, 13 de large et 18 de haut, parmi les décors spectaculaires où l’abondance de dorures et de boiseries sculptées se mêle aux superbes peintures de Paul Baudry, deux visages se font face. A l’origine, ils devaient représenter ceux de Napoléon III et d’Eugénie. Mais la chute précipitée du Second Empire a bouleversé les plans de Charles Garnier qui choisit d’y mettre le visage de sa femme et le sien. En toute modestie bien sûr!
Si vous visitez l’opéra, ce que je vous recommande, n’oubliez pas de lever les yeux et de bien observer le plafond du Grand Foyer pour y apercevoir son créateur!
Et pour plus d’informations sur l’Opéra Garnier, rendez-vous dans l’article et le podcast dédiés sur ce blog.
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