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Photo du rédacteurIgor Robinet-Slansky

ANECDOTE: LA TERRACOTTA INVETRIATA, C’EST QUOI?

Dernière mise à jour : 21 mars 2023

Parmi les départements du musée du Louvre, celui des sculptures est l’un de mes favoris. Si vous avez l’occasion de le visiter, à l’entresol de l’aile Denon, vous pourrez admirer une collection variée de sculptures italiennes qui vont du Haut Moyen-Âge (du 6e au 11e siècle) au 19e siècle, en passant par la Renaissance. Et c’est justement sur cette dernière période que j’aimerais porter votre attention. A la Renaissance, au 15e siècle, un nouveau type de sculptures va naître à Florence, en Toscane. Des sculptures colorées, réalisées dans un nouveau matériau: la terracotta invetriata. Je vous propose de vous en dire plus, car je ne suis pas convaincu que beaucoup connaissent cette technique.


Nous sommes au 15e siècle dans l’atelier du sculpteur florentin Luca Della Robbia (1399-1482). Afin de créer des sculptures qui résistent en extérieur et gardent leurs couleurs aussi vives qu’au premier jour, il va inventer une nouvelle sorte de terre cuite très résistante, émaillée et polychrome, avec laquelle il réalisera ses prochaines œuvres: la terracotta invetriata (littéralement la « terre cuite émaillée ou vitrifiée »).

D’abord, la terre crue est travaillée à la main pour donner la forme de la sculpture finale. Elle est ensuite cuite à 900°C avant d’être recouverte d’une première couche de poudre d’émail de couleurs, avec des blancs créés à base de plomb, des bleus issus du cobalt, ou des jaunes composés de cadmium. Cuite une seconde fois au four à 1000°C, la couche d’émail fonctionne alors comme un glaçage qui rend la terre cuite imperméable. Avant de réaliser une troisième et dernière cuisson à 600°C, on peut ajouter des teintes de rouge, une couleur plus fragile et sensible aux hautes températures qu’on ne peut pas appliquer lors des étapes précédentes.


La terracotta invetriata, moins chère que le marbre, plus rapide à produire et offrant une palette de couleurs plus large, fera le succès du studio Della Robbia. Ce procédé sera ainsi transmis par Luca à son neveu Andrea et aux fils de celui-ci, Giovanni ou Luca dit «le jeune», qui perpétueront la tradition. Véritables œuvres d’art, les sculptures de l’atelier Della Robbia sont aujourd’hui exposées dans les plus grands musées du monde, dont le Louvre qui en possède une superbe sélection.


Parmi elles, L’Ascension du Christ, créée par Andrea Della Robbia en 1490 pour le retable de la chapelle de l’église Sant’Agostino dans la ville Città di Castello dans la région de l’Ombrie. Endommagé suite à un tremblement de terre en 1789, il a été démonté puis revendu à l’antiquaire florentin Stefano Bardini en 1870 qui le revendra au collectionneur parisien Frédéric Spitzer avant que ce dernier ne le cède au Louvre en 1893.

Autres œuvres du genre présentées au Louvre: Le Christ au mont des Oliviers, réalisé par Luca Della Robbia, le jeune, entre 1510 et 1520; La Vierge adorant l’Enfant avec Saint Jean Baptiste enfant et deux chérubins, créée par Andrea et Giovanni Della Robbia vers 1495-1500; le magnifique retable représentant Saint-Sébastien par Andrea Della Robbia ; ou encore la Vierge assise tenant l’Enfant debout sur le genou droit, qui date du début du 16e siècle et qui provient d’un studio concurrent fondé par Santi Bugloni dont l'oncle paternel, Benedetto Buglioni, avait été formé par Andrea Della Robbia.


N'hésitez pas à vous rendre au Louvre et à prendre du temps pour découvrir les œuvres en terracotta invetriata.

Sources

  • Cartels des œuvres au musée du Louvre

  • Les Carnets des Guides Blues « le Louvre dévoilé » aux éditions Hachette

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