L’Opéra Garnier rescelle bien des secrets. Imaginé à la demande de Napoléon III par l’architecte Charles Garnier qui en pose la première pierre le 21 juillet 1862, sous le Second Empire (1852-70), il est inauguré sous la 3e République le 6 janvier 1875. Un édifice à la croisée de deux époques et au style éclectique, dont l’âme mystérieuse est portée par la célèbre légende du Fantôme de l’Opéra contée par Gaston Leroux à la fin du 20e siècle. Mais qu’en est-il vraiment de ce fantôme? Car dans ce lieu conçu par Garnier pour couper les spectateurs du monde réel et les plonger dans un monde de rêve et d’imaginaire, la réalité et le mythe peuvent facilement se confondre.
Dans son roman fantastico-policier publié en 1910, l’écrivain parle d’étranges phénomènes dont l’opéra de Paris serait le témoin, et qui seraient attribués à un homme effrayant, un fantôme à l’apparence hideuse. Dans la réalité, Leroux sera influencé par les histoires imaginées par les Parisiens autour du nouvel opéra. En effet, dès l’ouverture de l’édifice, la population de Paris, qui ne peut entrer dans ce lieu réservé à une poignée de privilégiés, va laisser aller son imagination et faire courir la rumeur que de mystérieux événements se produiraient dans ses souterrains.
Quant au fantôme au visage difforme, Gaston Leroux se serait inspiré d’un fait divers de 1862: à l’opéra de la rue Le Peletier, un homme aurait été défiguré par les flammes en tentant de sauver sa fiancée, une danseuse dont la tenue avait pris feu.
Le livre nous apprend ensuite que le fantôme est un ancien prestidigitateur nommé Erik. Un amoureux d’opéra qui, dans une note adressée au directeur et signée «le Fantôme de l’Opéra», aurait exigé d’avoir sa propre loge personnelle, la numéro 5. Réalité ou non, aujourd’hui encore, la loge numéro 5 de l’opéra, située côté jardin, ne se loue pas et reste bien réservée au fantôme comme l’indique une plaque apposée sur sa porte.
Le roman raconte encore qu’un soir, le fantôme aurait fait tomber l’immense et magnifique lustre de la salle sur les spectateurs. Là aussi, Leroux s’inspire de la réalité: le 20 mai 1896, lors d’une représentation du ‘Faust’ de Charles Gounod, un des contrepoids du lustre tombe sur le fauteuil numéro 13, au quatrième balcon, écrasant de ses 700 kg une malheureuse spectatrice. Les 7 tonnes du lustre qui s’est aussi décroché ne feront heureusement que des blessés. Autre similitude: Christine Daaé, la chanteuse dont est épris Erik, interprète le rôle principal de Marguerite dans Faust… l’opéra joué le soir de l’accident!
Enfin, Gaston Leroux nous apprend que le fantôme aurait pris ses quartiers dans des pièces cachées sous l’édifice, un appartement secret où il travaillerait à composer l’œuvre lyrique de sa vie, et où il retiendra Christine prisonnière un temps. Un antre qu’il rejoindrait en barque en voguant sur un lac souterrain. S’il n’en est rien pour les pièces secrètes, il existe bel et bien un lac souterrain, conçu lors de la construction de l’opéra pour contenir l’eau des sols. Il sert aujourd’hui, entre autres, de réservoir en cas d’incendie.
Entre légende et réalité, à vous de choisir. Quoi qu’il en soit, ne manquez pas de visiter le superbe Opéra Garnier!
Pour en savoir plus, je vous donne rendez-vous sur ce blog, dans l’article et le podcast qui relatent la visite que j’en ai faite il y a quelques mois.
Sources
Visite guidée de l’Opéra Garnier
Page Wikipédia sur le Fantôme de l’Opéra
Article dédié dans le Parisien
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