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Photo du rédacteurIgor Robinet-Slansky

ANECDOTE: À VERSAILLES, LE ROI DORMAIT-IL SEUL?

Dernière mise à jour : 21 mars 2023

Parmi les pièces les plus représentatives du pouvoir royal au château de Versailles, les chambres du roi et de la reine sont certainement les plus impressionnantes (la galerie des Glaces mise à part).


Cependant, si aujourd’hui, la chambre est le lieu intime par excellence, sous l’Ancien Régime, c’est une pièce où l’on reçoit et où s’exprime toute la puissance du monarque absolu. Là où dans d’autres cours, la salle du trône est le cœur du pouvoir, à Versailles, c’est la chambre. A tel point que quiconque passait devant le lit royal devait se découvrir et s’incliner comme s’il était en présence du souverain. La chambre est ainsi la pièce où commence et finit la journée de la cour, rythmée par celle du roi qui, pour assoir son omnipotence, mène dans son palais une vie de représentation constante, dictée par l’Étiquette, depuis la cérémonie publique dite du Lever, à celle dite du Coucher, auxquelles la famille royale et de nombreux courtisans privilégiés assistent chaque matin et chaque soir.


Mais que se passe-t-il réellement entre les cérémonies du Coucher et du Lever? Savez-vous où et avec qui dort le roi?

En premier lieu, il faut savoir que le roi et la reine font chambres séparées. Seul le roi est autorisé à dormir chez la reine dont le lit est, à dessein, prévu plus grand, celui du roi étant symboliquement réservé à la seule toute-puissance du monarque.

Cependant, le roi ne dort pas seul. Chaque soir, le long du sien, on installe un lit de veille pour son premier valet de chambre afin, non pas qu'il veille à sa sécurité, mais pour qu'il puisse répondre à ses potentielles envies et besoins. Une fois les rideaux du lit du roi tirés pour garantir son intimité mais aussi pour garder la chaleur, le valet s’attache un ruban au poignet afin de réagir dès que le monarque l’appelle en tirant dessus.

À l’extérieur de la chambre, dans l’antichambre de l’Œil de Bœuf, dans le cabinet du Conseil ou la galerie des Glaces attenants, les gardes et les garçons de la chambre se tiennent prêts pour garder le roi mais aussi pour le suivre dans ses virées nocturnes.

En effet, après la cérémonie du Coucher, Louis XIV en particulier passe presque tous les jours par la chambre de la reine Marie-Thérèse pour tenir ses devoirs conjugaux. Mais il finit aussi surtout chez ses maîtresses où le premier valet de chambre le conduit, portant son haut-de-chausse -sorte de culotte- et son épée, ainsi que son pot de chambre. Une fois le roi arrivé chez sa maîtresse, le valet dépose ses affaires à côté du lit, et se retire. Plus tard, ou le lendemain matin, il vient chercher le roi pour le raccompagner dans sa chambre d’apparat afin qu’il assure la cérémonie du Lever. Lorsqu’il passe toute ou partie de la nuit dans sa chambre officielle, le monarque est réveillé par son premier valet qui, après avoir tiré les rideaux, lui murmure le célèbre: «Sire, voilà l’heure!».

Il en va de même pour les successeurs de Louis XIV, Louis XV et Louis XVI, qui préfèrent, eux, dormir dans l’intimité de leur petit appartement, ou bien chez leur épouse (ou encore chez ses maîtresses pour Louis XV): le soir venu, après la cérémonie du Coucher, ils sont ainsi conduits dans leur chambre privée ou chez leur femme et/ou maîtresse, puis ils sont reconduits dans la chambre d’apparat des grands appartements le matin, avant la cérémonie du Lever.


Cette anecdote, je l’ai apprise dans un ouvrage que je vous recommande: «Vivre à la cour de Versailles en 100 questions» par Mathieu da Vinha (ÉditionsTallandier).

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