
Du 16 mars au 28 juillet 2025, le château de Bois-Préau, à Rueil-Malmaison, à 15 kilomètres de Paris, accueille «Appiani (1754-1817) : Le Peintre de Napoléon en Italie», une exposition exceptionnelle dédiée à l’artiste milanais Andrea Appiani, l'un des peintres, portraitistes et décorateurs néo-classiques les plus talentueux du nord de l'Italie aux 18e et 19e siècles. Son souci des détails, comme la délicatesse qu’il a de représenter la douceur des matières, la précision des décors et la sensibilité des expressions, lui ont valu le surnom de « peintre des grâces ».
Cette rétrospective inédite en France, organisée par le GrandPalaisRmn et le Musée national des châteaux de Malmaison et de Bois-Préau, réunit une centaine d’œuvres de l’artiste – peintures et portraits, dessins préparatoires aux décors d’églises et d’hôtels particuliers, médailles, gravures - provenant de collections publiques et privées européennes. Elle offre une plongée fascinante dans l'univers artistique d'Andrea Appiani, révélant à la fois le brillant portraitiste qu’il était et ses talents de décorateur fresquiste.
Aujourd’hui trop peu connu, il est pourtant intimement lié à l’histoire franco-italienne, mais surtout à l’ascension de Napoléon Bonaparte. Du général vainqueur des campagnes militaires italiennes au sacre du roi d’Italie, en passant par l’instauration de la République italienne dont il sera le premier président, Appiani participera, à travers son art, à construire l’image d’un Napoléon glorieux et puissant.
Amateurs d’art, passionnés des épopées napoléoniennes, ou simples curieux, je vous encourage à découvrir cette exposition exceptionnelle. Je vous invite également à en profiter pour arpenter ensuite les allées du magnifique parc de Bois-Préau, jusqu’au célèbre château de Malmaison, résidence emblématique de l’impératrice Joséphine.
QUI EST ANDREA APPIANI ?
Andrea Appiani, né le 31 mai 1754 à Milan, est considéré comme l'un des plus grands peintres de chevalet et fresquistes de son époque. Formé à l'Académie ambrosienne (la Pinacothèque Ambrosiana a été créée à Milan en 1618) et à celle de la Brera (l’Académie de Brera est l’école des Beaux-arts milanaise, fondée en 1776), ce peintre portraitiste et décorateur a su marier les inspirations de l’art ancien à une peinture d'histoire contemporaine, se distinguant ainsi de ses pairs néoclassiques français. Son style, imprégné de la Renaissance et du 17e siècle, comme de l'antiquité gréco-romaine, marquera l'histoire de l'art.
La rencontre entre Appiani et Napoléon Bonaparte se produit en 1796, pendant les campagnes d’Italie, lorsque le général victorieux entre dans Milan après la bataille du Pont de Lodi (le 10 mai 1796). Mais leur collaboration fructueuse ne se concrétisera que trois ans plus tard lorsque les Français réinvestissent l’Italie. Impressionné par le talent d'Appiani, Napoléon lui confie la tâche de sélectionner des œuvres d'art prélevées dans les églises et les couvents de différentes régions italiennes afin d’enrichir les musées et résidences royales du nord de l’Italie.
En 1800, Appiani est également chargé de réaliser les « Fastes de Napoléon », un cycle de 35 peintures en grisaille destinées à orner le Palais Royal de Milan. Ce projet monumental, qui s’étendra jusqu’en 1807, célèbre les victoires et les événements politiques marquants de l’ascension et de l’histoire de Napoléon, consolidant ainsi la position d'Appiani comme peintre officiel du futur empereur en Italie.
Malheureusement, une grande partie de ces fastes sera détruite lors de bombardements en 1943. L’exposition présente la collection exceptionnelle de gravures reprenant les peintures des fastes que Napoléon commandera quelques années après leur réalisation.
Après avoir été frappé d’une crise d’apoplexie (infarctus) qui le laissera en partie paralysé le 28 avril 1813, Andrea Appiani décède dans sa demeure milanaise de Corso Monforte en 1817.
UNE EXPOSITION EN CINQ SÉQUENCES
L'exposition est structurée en cinq séquences chronologiques et thématiques, permettant de découvrir l’ampleur, la richesse et l'évolution de l’œuvre d'Appiani.
LES ANNÉES PRÉ-NAPOLÉONIENNE
Cette première section présente les débuts d'Appiani, avec des œuvres réalisées pour des églises et des hôtels particuliers milanais, ou encore pour les décors et rideaux de théâtres, à l’image de ceux pour le Teatro Patriottico ou la Scala.
On y découvre aussi ses premières commandes ambitieuses, comme « l'Histoire d'Europe » pour le comte Castelbarco, ou le panneau décoratif en fausse tapisserie pour le palais archiducal de Milan.
Enfin, on observe ici les premières commandes françaises de médailles officielles qui, dès 1797, célèbrent la République et les victoires des campagnes d’Italie.
LES FASTES DE NAPOLÉON
Cette partie met en lumière les œuvres commandées par Napoléon en 1800 pour célébrer ses victoires et son ascension politique, de la première campagne d’Italie en 1796 à l’attentat de la rue Saint Nicaise le 24 décembre 1800, visant à assassiner Bonaparte, alors Premier Consul.
Une seconde série de Fastes sera commandée ensuite, illustrant la naissance de l’Empire et les victoires de l’Empereur jusqu’à la bataille de Friedland le 14 juin 1807.
Le cycle des Fastes, destiné à orner la salle de Bal du Palais Royal de Milan, est l'un des ensembles les plus impressionnants de la période néoclassique, malheureusement disparu dans les bombardements de la Seconde Guerre Mondiale en 1943.
APPIANI PORTRAITISTE : PORTRAITS PRIVÉS ET PUBLICS
Andrea Appiani excelle dans l'art du portrait pour lequel il est très vite reconnu, capturant avec finesse les traits de ses proches comme des personnalités influentes de son époque : famille et amis, hommes et femmes de pouvoir (en 1805, il devient le peintre officiel de Napoléon, roi d’Italie), militaires, artistes et hommes de lettres…
Ses portraits se distinguent par des fonds monochromes qui mettent en valeur les visages, et une douceur des lignes et des couleurs qui s’éloigne de la rigueur néoclassique, et donne à l’œuvre d’Appiani une tonalité déjà moderne.
DESSINS ET CARTONS POUR DÉCORS : LE TALENT DU FRESQUISTE
Bien que nombre de ses fresques habillent aujourd’hui les murs d’hôtels particuliers privés – non ouverts à la visite – ou, pour certaines, ont été détruites durant la Seconde Guerre mondiale, les dessins préparatoires et cartons exposés ici permettent d'en apprécier toute la splendeur et d’appréhender la maîtrise d'Appiani dans cette forme d’art.
Plafonds et voûtes d’hôtels particuliers ou d’Église, comme il a su le faire dans ses tableaux, Appiani mêle ici les techniques ou inspirations artistiques du passé à un style contemporain. La peinture « a fresco », qui consiste à peindre directement sur l’enduit frais du mur, est alors un art dépassé, mais en y ajoutant la délicatesse de son talent, Appiani réussit à en faire des œuvres remarquables.
LA FORTUNE ARTISTIQUE D‘APPIANI : DERNIERS TRAVAUX ET HÉRITAGE
Cette dernière séquence explore l'héritage artistique d'Appiani, soulignant son influence durable sur l’art. Et bien que sa proximité avec Napoléon ait pu le desservir, il est désormais reconnu comme le principal peintre néoclassique italien.
LE CHÂTEAU DE BOIS-PRÉAU : UN ÉCRIN HISTORIQUE
Rouvert au public en 2022, après une longue période de fermeture et d’importants travaux, le château de Bois-Préau, où se tient l'exposition, est avant tout un lieu d’histoire.
D’abord propriété de l'abbaye de Saint-Denis, il est acquis en 1696 par Frédéric Léonard et son fils, imprimeurs du roi Louis XIII (r. 1610-1643). Ils font élever une demeure luxueuse qui constitue le château actuel.
En 1747, Bois-Préau passe à Jean Garnier, maître d'hôtel de la reine Marie Leszczynska, qui l'embellit et y habite jusqu'en 1765. Se succèdent alors plusieurs propriétaires : le comte de Prie, jusqu’en 1774, puis le banquier Louis Julien. À sa mort, en 1796, sa fille, Anne-Marie, hérite de la propriété qui intéresse bientôt Napoléon et Joséphine, désireux d’agrandir le parc du château voisin de Malmaison – situé à quelques centaines de mètres au fond du domaine. Cette dernière refusera cependant de le vendre, et il faut attendre sa mort accidentelle par noyade en 1808 pour que Joséphine acquiert Bois-Préau en 1810. Elle y loge alors des membres de son service et y installe une partie de sa bibliothèque et de son cabinet d'histoire naturelle.
Après la mort de Joséphine, Bois-Préau est entretenu par son fils, le prince Eugène, jusqu’à sa Mort en 1924. Il est ensuite vendu en 1828 à des négociants parisiens. En 1853, Edouard Rodrigues-Henriques, bienfaiteur de Rueil, achète la propriété et y accueille des artistes et musiciens. Il fait abattre les ailes du château, trop abîmée, et en reconstruit le corps central en 1854. À sa mort en 1878, ses enfants vendent Bois-Préau au journaliste Jouvin, l’un des repreneurs du Figaro.
Le domaine passe ensuite entre plusieurs mains avant d'être offerte aux Musées nationaux en 1926 par ses derniers propriétaires, les bienfaiteurs de Rueil Edward Tuck et son épouse. Il devient ainsi une annexe du musée national du château de Malmaison.
Le parc est aujourd’hui ouvert aux promeneurs, et le château accueille des expositions temporaires autour de thématiques, des personnalités et des artistes en lien avec Napoléon, Joséphine, ou le 19e siècle impérial.
MON AVIS : UNE VISITE INCONTOURNABLE
L'exposition « Appiani (1754-1817) : Le Peintre de Napoléon en Italie » est une occasion unique de découvrir l'œuvre d'un artiste majeur du néo-classicisme italien. Ne manquez pas cette rétrospective exceptionnelle qui promet de ravir les amateurs d'art et d'histoire.
INFORMATIONS PRATIQUES
Quoi ? « Appiani (1754-1817) : Le Peintre de Napoléon en Italie »
Où ? Château de Bois-Préau
1B, Avenue de l'Impératrice Joséphine, Rueil-Malmaison
Quand ? Tous les jours sauf le mardi, de 13h à 18h
NOUVEAUTÉ : Nocturne le jeudi jusqu’à 21h
Combien ? Exposition temporaire Bois-Préau : plein 8 € / réduit 6 € / groupe 6,5 €
Billet jumelé Malmaison-Bois-Préau : plein 11 € / réduit 8 € / groupe 8,5 €
Plus d’informations ici, sur le site du musée national des châteaux de Malmaison et de Bois-Préau;
SOURCES
Visite guidée de l’exposition
Dossier de presse de l’exposition
https://musees-nationaux-malmaison.fr/chateau-malmaison/bois-preau
https://musees-nationaux-malmaison.fr/chateau-malmaison/bois-preau