Il vous reste quelques semaines, jusqu’au 17 juillet prochain, pour découvrir la sublime exposition organisée au musée Jacquemart-André à Paris, et dédiée au célèbre peintre italien de la Renaissance, Giovanni Bellini (1435-1516). Il sera l’un des fondateurs de l’école vénitienne à l’origine du colorito, cet art de la couleur et du ton qui fera la gloire de la Cité lagunaire. Une ville dont il deviendra le peintre officiel. Parmi ses œuvres: les décors picturaux du Palais des Doges.
À travers 50 œuvres du maître vénitien et de ses artistes modèles, dont certaines encore jamais présentées, l’exposition «Giovanni Bellini, influences croisées» révèle les influences artistiques qui ont inspiré son travail et l’ont poussé à renouveler son langage pictural.
Le parcours chrono-thématique proposé ici présente une sélection de chefs-d’œuvre peints par Bellini à différentes époques de son art. Ils sont mis en regard d’une sélection de peintures réalisées par les maîtres qui l’ont influencé: des artistes de sa famille -son père Jacopo Bellini, son frère Gentile ou son beau-frère Andrea Mantegna- à ses élèves -Giorgione et Titien-, en passant par le sculpteur Donatello, le peintre sicilien Antonello de Messine, les Flamands Jan van Eyck & Hans Memling, ou encore le jeune peintre Cima de Conegliano.
Né en 1435 à Venise, Bellini grandit dans une famille d’artistes qui constitueront ses premières sources d’influence. Son père, Jacopo Bellini, est un peintre gothique reconnu. C’est à ses côtés et au sein de son atelier que Giovanni apprendra les techniques de peinture. Pour parfaire son art, il travaillera ainsi dans l’atelier familial avec son frère, Gentile Bellini (1429-1507), jusque dans les années 1450.
Mais en 1453, le mariage de sa sœur Nicolosia avec le peintre originaire de Padoue, Andrea Mantegna (1431-1506), marque un tournant dans la carrière de Giovanni Bellini qui va s’inspirer du travail de son beau-frère et désormais ami. Avec Mantegna mais aussi d’autres artistes comme le sculpteur florentin Donatello (1386-1466), la culture antique est remise au goût du jour. Bellini va ainsi s’inspirer des sculptures de madones de Donatello, mais aussi du style moderne de Mantegna qui rompt avec le style gothique d’alors et prône les jeux de perspectives, les décors grandioses et en trompe-l’œil. Une évolution décisive dans son travail vers une modernité classique.
Autre influence pour Bellini : Byzance. Le peintre reprendra les codes des icônes et madones byzantines, notamment en intégrant des fonds d’or à ses peintures. Une inspiration orientale qui va s’accompagner de nouvelles techniques importées par les Flamands lors de leurs nombreux passages à Venise, qui est alors l’un des principaux carrefours commerciaux internationaux. Bellini est confronté aux œuvres d’artistes du Nord comme Jan van Eyck (1390-1441) et Hans Memling (1430-1494), et découvre la technique de la peinture à l’huile qui permet plus de réalisme et de précision dans les détails picturaux. Une technique que Bellini va s’approprier pour améliorer son travail.
Cette influence nordique sur Bellini se retrouvera aussi avec l’arrivée à Venise du peintre sicilien Antonello de Messine (1430-1479) en 1475. Ce dernier, qui a voyagé, est marqué par les artistes du Nord et manie l’art du détail à la perfection. À ses côtés, Bellini développe sa maîtrise des couleurs, et donne à ses portraits une attitude nouvelle en tournant les regards vers le spectateur.
En parallèle, toujours inspiré par l’Antiquité et Mantegna, Bellini va mettre l’émotion au cœur de ses peintures religieuses. Dans ses œuvres de dévotion, il va mettre en lumière un Christ en souffrance, dont la figure sacrée ultra-humanisée doit provoquer une sincère compassion chez les fidèles qui le contemplent.
Bien que vieillissant, Bellini va toujours chercher à faire évoluer son travail. Auprès du peintre Cima de Conegliano (1459-1517), d’abord, qui lui inspire le développement, dans ses peintures, d’arrière-plans et de paysages aux couleurs franches et aux détails minutieux ; et auprès de ses jeunes élèves, ensuite, comme Giorgione (1478-1510) et Titien (1488-1576), qui le poussent à privilégier les touches larges et expressives, et les couleurs fortes. Une ultime évolution de style que l’on retrouve jusque dans les dernières œuvres de Bellini, à l’atmosphère plus sereine et réaliste encore, à l’image du tableau de ‘La Dérision de Noé’ où le célèbre bâtisseur de l’arche est représenté affaibli, moqué par ses fils, comme pour signifier que tout homme, même s’il est pur, peut être touché par le péché. Bellini meurt en 1516 et laisse Venise aux mains de son élève Titien.
Vous avez jusqu’au 17 juillet pour découvrir ces chefs-d’œuvre. N’hésitez pas ! D’autant plus que vous pourrez visiter le magnifique hôtel particulier Jacquemart-André, édifié à la fin du XIXe siècle dans le nouveau Paris d’Haussmann par Edouard André et son épouse Nélie Jacquemart, un couple de grands collectionneurs dont les collections sont toujours présentées aujourd’hui.
INFORMATIONS PRATIQUES
Le Musée Jacquemart-André est ouvert tous les jours de 10h à 18h, et en période d’exposition, le lieu propose des nocturnes les lundis jusqu’à 20h30.
Tous les détails sur le site du musée Jacquemart-André.
SOURCES
Visite de l’exposition
Dossier de Presse de l’exposition
Comments