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EXPOSITION : « LE PARIS D’AGNÈS VARDA DE-CI, DE-LÀ » AU MUSÉE CARNAVALET

affiche
"Le Paris d'Agnès Varda

Il est des artistes dont le nom est intimement lié à la ville de Paris. Agnès Varda (1928-2019) en fait partie. Cinéaste libre, figure de la Nouvelle Vague, photographe discrète à l’œil parfois sombre, et conteuse aussi tendre que politique, elle a arpenté la capitale caméra au poing et appareil à la main, imaginant des histoires, ou traquant l’inattendu, les marges, les mouvements de la ville et de ses habitants.


Du 9 avril au 24 août 2025, le Musée Carnavalet - musée d’Histoire de la Ville de Paris, lui dédie une exposition unique et pleine de poésie, « Le Paris d'Agnès Varda de-ci, de-là ». Elle met en lumière la relation féconde entre Paris et Varda dans un dialogue intime entre la cinéaste reconnue et la photographe souvent méconnue.



De l’agitation des rues de la capitale à l’intimité de la cour-atelier de l’artiste, rue Daguerre, véritable matrice de sa création tout au long de sa vie, cette rétrospective exceptionnelle invite à un voyage à la fois géographique et émotionnel. En se concentrant sur Paris - non comme décor figé mais comme partenaire de création -, le parcours propose de (re)découvrir l’œuvre d’Agnès Varda sous un angle rare : celui de son regard photographique, souvent éclipsé par son immense notoriété cinématographique.



ŒUVRES INÉDITES ET TRÉSORS D'ARCHIVES D’AGNÈS VARDA


Fruit d'un travail de recherche de plus de deux ans, l'exposition s'appuie sur le fonds photographique d'Agnès Varda et les archives de sa société de production, Ciné-Tamaris. À travers 130 tirages, la plupart inédits, mais aussi des extraits de films, des publications, des documents et objets personnels, ou encore des affiches et des photographies de tournage, l'exposition révèle le regard unique de Varda sur la capitale française qui apparaît ici comme un fil rouge, un terrain de jeu et d’expérimentation.


LE PARCOURS CHRONOTHÉMATIQUE DE L’EXPOSITION


Le parcours de l'exposition est structuré de manière chronothématique, permettant aux visiteurs de suivre l'évolution de l'œuvre de Varda au fil des décennies. Chaque section explore un aspect différent de son travail, des portraits aux reportages, en passant par les documentaires et les fictions.



RUE DAGUERRE : CŒUR BATTANT DE LA CRÉATION D’AGNÈS VARDA


Dès les premières salles, le visiteur est immergé dans l’univers personnel d’Agnès Varda. La rue Daguerre, dans le 14e arrondissement, devient un personnage à part entière. C’est là qu’elle emménage en 1951 et y restera jusqu’à la fin de sa vie. Derrière la façade discrète, une cour-atelier où tout se joue : c’est à la fois son studio photo, son labo de développement, le lieu de sa première exposition en 1954, et plus tard le siège de Ciné-Tamaris, sa maison de production.



On y découvre la cour des débuts, ses expérimentations en noir et blanc, les portraits, les natures mortes, puis la même cour dans les années 1960, partagée avec Jacques Demy, et envahie par le cinéma, les amis, les projets.



AGNÈS VARDA : PHOTOGRAPHE AVANT TOUT


Trop peu connue, la carrière photographique d’Agnès Varda se révèle ici dans toute sa richesse. Avant de réaliser son premier film "La Pointe Courte", elle se fait d’abord photographe de théâtre, de rue, de portraits, avec un regard à la fois tendre, décalé et profondément original.



Au-delà des portraits de personnalités, des artistes et des acteurs (on pense ici à Gérard Philippe dans le Cid), son Paris est celui des passants, des commerçants, des façades, des enfants, des vieux métiers. Loin de tout folklore, son objectif saisit l’étrangeté du quotidien, l’absurde de certains instants, l’humour des rencontres. On sent poindre, déjà, ce regard qui fera toute la force de son cinéma.



AGNÈS VARDA : UNE CINÉASTE DE LA VILLE


L’autre versant de l’exposition met à l’honneur la Parisienne-cinéaste. Le parcours permet de revisiter ses films emblématiques tournés dans la capitale, à commencer par "Cléo de 5 à 7" (1962), chef-d’œuvre de la Nouvelle Vaque, où la caméra suit une jeune femme dans les rues parisiennes pendant deux heures d’attente angoissée. Paris devient le reflet de son état intérieur, comme un miroir mouvant de ses émotions.



Cette manière d’habiter la ville par le biais de la fiction se retrouve dans d’autres œuvres présentées ici : le court-métrage "Les fiancés du pont MacDonald" - où l’on retrouve le couple Jean-Luc Godard et Anna Karénine jouant les amoureux dans une séquence accélérée burlesque - ou encore "Loin du Vietnam", dont on voit ici des photographies de tournage.


PORTRAITS, LUTTES ET VOIX PLURIELLES


L’exposition ne se contente pas de retracer une carrière : elle explore aussi les engagements de Varda, son féminisme, son attention aux invisibles. Des thématiques fortes émergent : la place des femmes dans l’espace urbain, l’émancipation, les vies des plus modestes.


On découvre ainsi une série de portraits réalisés pour le tournage de "L’une chante, l’autre pas" (1977) : douze visages féminins, témoins d’une époque et du combat des femmes.



Autre moment fort : les images de "L’opéra-Mouffe" (1958), court-métrage poétique et social sur le quartier Mouffetard, où elle mêle réalisme cru et rêverie sensorielle.



Et bien sûr "Daguerréotypes" (1975), documentaire de proximité tourné dans sa rue, où elle filme les commerçants d’alors comme les figures d’un théâtre du quotidien.



UNE FIN DE PARCOURS À L’IMAGE D’AGNÈS VARDA


L’exposition s’achève comme elle a commencé : dans la cour. Mais cette fois-ci, c’est la Varda des dernières années que l’on rencontre. Celle qui, joueuse et libre, s’est mise en scène avec humour dans un documentaire ; celle qui est attentive aux jeunes artistes, comme le photographe JR avec qui elle collaborera.



On la voit filmée et photographiée, dans cette cour devenue jardin, entourée de chats, d’objets, de souvenirs et de fantaisie. On comprend alors que cette cour, loin d’être un simple décor, est au cœur de son œuvre. Une sculpture de sa chatte Nini, compagne fidèle, nous salue avant de sortir, ajoutant une touche plus personnelle et émouvante à cette fin de parcours.


MON AVIS


"Le Paris d’Agnès Varda, de-ci, de-là" est bien plus qu’une exposition-hommage. C’est une balade sensible à travers le regard d’une artiste inclassable, qui a fait de la ville un terrain d’exploration sans fin. Un rendez-vous que je recommande à celles et ceux qui aiment Paris, l’image et l’inattendu !


Pour aller plus loin, une riche programmation est proposée autour de l’exposition, à retrouver sur le site du Musée Carnavalet.


INFORMATIONS PRATIQUES


  • Quoi ? « Le Paris d’Agnès Varda, de-ci, de-là »

  • Où ? Musée Carnavalet

    23 rue Madame de Sévigné, 75003 Paris

  • Quand ? Du 9 avril au 24 août 2025

    Du mardi au dimanche, de 10h à 18h (Fermé le lundi et certains jours fériés)

  • Combien ? 15 €, tarif réduit 13 €


Plus d’informations sur le site du musée Carnavalet et sur celui de Ciné-Tamaris.

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