Versailles est une ville au patrimoine historique incomparable qui, au-delà de préserver la richesse de ses trésors du passé, continue d’affirmer son engagement pour la création contemporaine et le soutien aux artistes émergents.
Après Arnaud Adami et Diane Benoit du Rey, l’Espace Richaud, ancien hôpital royal du 18e siècle transformé en établissement culturel, accueille ainsi l’artiste plasticien Duy Anh Nhan Duc pour une exposition inédite : "Les Cimes de l’Asphalte" du 25 octobre 2024 au 26 janvier 2025. Ce projet singulier questionne notre lien à la nature, mettant en lumière l’interdépendance entre les arbres et les humains, dans un contexte où l’idée d’une "ville-nature" devient de plus en plus essentielle face aux défis écologiques.
L’ARTISTE : DUY ANH NHAN DUC
Duy Anh Nhan Duc, né en 1983 à Hô Chi Minh-Ville, au Vietnam, et vivant aujourd’hui à Paris, est un plasticien inspiré par la nature et le monde végétal. Après des débuts en art floral, il s’oriente vers la création d’installations à partir d’éléments naturels, comme des graines et des pétales – notamment les pissenlits, les trèfles et autres herbes sauvages. Ses œuvres poétiques sont conçues comme des hommages au vivant. Il est aujourd’hui exposé dans de prestigieux lieux comme le musée Guimet, le Centquatre-Paris et le domaine de Chaumont-sur-Loire.
Pour "Les Cimes de l’Asphalte", Duy Anh Nhan Duc s’intéresse pour la première fois aux arbres comme objets d’étude artistique. Pour cette exposition, il est allé à la rencontre des arbres de nos villes, ceux qui nous entourent et auxquels on ne prête pas toujours attention. Ses œuvres révèlent alors leur majesté, leur mémoire, les traces laissées par leur passage dans le temps, et leur relation aux êtres humains.
Duy Anh Nhan Duc a, en outre, invité la photographe Clémence Danon-Boileau à participer à cette exposition. Elle présente notamment ses œuvres 'Fragmentation'. Née en 1982, cette artiste-photographe française élabore ses photographies comme de véritables objets d’art qui, au-delà des sujets dont ils renvoient l’image, sont retravaillés, découpés ou augmentés de détails leur conférant une nouvelle dimension onirique.
LA VISITE DE L’EXPOSITION « LES CIMES DE L’ASPHALTE » DE DUY ANH NHAN DUC
L’exposition s’ouvre avec ‘Hissons les frondaisons’, une installation immersive faite de toiles suspendues, colorées par des teintures végétales. Chaque tissu, teint grâce aux feuilles et fruits d’arbres tels que le catalpa, le prunus ou le ginkgo, rend un hommage respectueux aux êtres végétaux que sont les arbres. Le visiteur déambule sous ces tissus comme s’il traversait la mémoire d’une forêt, un environnement où chaque arbre raconte une histoire unique. Notez qu’aucun arbre n’a été coupé spécialement pour la réalisation de l’exposition. Ils sont tous tombés naturellement ou ont été abattus pour raisons sanitaires.
Cette première section se conclut par l’œuvre ‘Empreinte’ obtenue en apposant sur l’écorce d’un arbre, un tissu sur lequel on est venu frotter des feuilles ou des fleurs pour en dessiner l’empreinte. Ici, l’arbre en particulier, dont l’artiste a souhaité garder la mémoire à travers la trace de son écorce, est un sapin d’Andalousie du cimetière de Versailles planté en 1871 et déraciné par une tempête au printemps 2024. L’exposition présente d’autres ‘Empreinte’ tout au long de son parcours.
Dans la salle qui suit, plusieurs œuvres s’offrent à nous. D’abord, l’œuvre ‘L’Arbre monde’ se dévoile sous la forme d’une étonnante bibliothèque en bois. Sculptés dans une quarantaine d’essences, des livres réalisés en bois symbolisent l’arbre comme gardien de la mémoire des siècles. Chaque arbre raconte en effet une histoire qui lui est propre, une histoire souvent séculaire.
Au centre, une échelle de cueillette en bois nous interpelle. C’est l’œuvre ‘Voie céleste’ qui, ornée de champignons lignicoles, symbolise l’interdépendance entre les arbres et les micro-organismes qui participent à leur cycle de vie. Ces champignons ont été ennoblis de perles pour renforcer l’idée que leur présence en forêt est indispensable au développement et à la survie des arbres.
Après avoir découvert ‘Fragments’, un banc en bois de hêtre sur lequel ont été déposés différents pigments d’arbres qui serviront à l’artiste pour colorés ses œuvres, on s’émerveille de la beauté tout en détails des tableaux ‘Amitiés forestières’. Cette série de broderies de lichens, faites de perles et de fils, a été réalisée en collaboration avec les ateliers Dior, et mêle l’expertise artisanale à l’interprétation artistique des formes issues de la nature.
Avec ‘Rayonnement’, la dernière œuvre à observer dans cette salle, les pigments naturels issus de différentes essences arboricoles révèlent les cernes d’un arbre coupé, ces cercles concentriques qui racontent son histoire. Ici aussi, ‘Rayonnement’ est déclinée de différentes manières au fil de l’exposition.
UNE EXPLORATION DE NOTRE LIEN AUX ARBRES PAR DUY ANH NHAN DUC
Avant de visiter la seconde partie de l’exposition à l’étage, un arrêt prolongé sous le dôme de l’ancienne chapelle s’impose. En effet, sous la majestueuse coupole centrale de l’Espace Richaud, l’installation ‘Les cimes de l’asphalte’ ne peut que capter l’attention des visiteurs, grands et petits. Cette œuvre unique, créée pour l’occasion, invite à méditer sur le cycle de vie de l’arbre et son rapport au sacré. Un sapin de neuf mètres, dans le tronc duquel Duy Anh a sculpté des maillons de bois, rappelle le destin de l’arbre de Noël, un être vivant sacralisé puis rejeté une fois les fêtes passées. Les maillons représentent le poids de la tradition qui pèse sur ce sapin, tandis que les sciures multicolores, en dessous, symbolisent ce que deviendra l’arbre une fois déshabillé de ses décorations et broyé.
Au rez-de-chaussée de la coupole comme à l’étage, les œuvres ‘D'Arbre en arbre’ et ‘À travers bois’ poursuivent la réflexion autour de l'intimité que Duy Anh tisse avec les arbres. L’artiste utilise les pigments de l’arbre même pour créer des toiles et des sculptures qui conservent la mémoire de son essence végétale.
Enfin, avec ‘Les Désenchantés’, une œuvre réalisée en collaboration avec la photographe Clémence Danon-Boileau, le plasticien évoque une nouvelle fois le destin éphémère des arbres de Noël, grâce à un procédé innovant : le résinotype sur béton. Le résinotype est une technique qui combine les principes de la photographie et de la peinture. En appliquant des pigments sur des zones photosensibles, l'artiste colore plus ou moins intensément certaines parties de l'image. Ce procédé photographique pigmentaire (non argentique et donc naturel) lui permet de transcender le moment de la prise de vue en intégrant une dimension artistique et personnelle au processus. Vous allez voir, c’est bluffant !
MON AVIS
Je ne connaissais pas Duy Anh Nhan Duc, mais avec "Les Cimes de l’Asphalte", j’ai été séduit. L’artiste livre ici une œuvre poétique et inspirante, une ode à la préservation et à la reconnexion avec les arbres, ces "géants" qui nous entourent et nous soutiennent.
L’exposition, qui plaira aux amateurs d’art contemporain, aux amoureux de la nature, comme aux curieux, propose ainsi une réflexion intime et méditative, un hommage délicat à ces êtres qui traversent le temps et méritent notre respect et notre attention.
Si vous venez à Versailles, prenez le temps de vous arrêter à l’Espace Richaud.
INFORMATIONS PRATIQUES
Quoi ? « Les Cimes de l’Asphalte »
Quand ? Du 25 octobre au 26 janvier 2025
Du mercredi au vendredi de 12h à 19h
Week-end 10h – 19h
Où ? Espace Richaud
78 boulevard de la Reine, Versailles.
Combien ? Entrée libre.
Plus d'informations ici:
SOURCES
Visite de l’exposition commentée par les artistes
Dossier de presse de l’exposition
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