Aujourd’hui, je partage avec vous la suite de ma visite du Château de Fontainebleau. Cet article fait effectivement suite à deux autres où je détaillais l’histoire puis une partie des espaces ouverts au public de ce monument incontournable du patrimoine français, ce lieu majeur de l’Histoire de France.
Cette résidence royale puis impériale étend son histoire sur plus de 8 siècles. Le Château de Fontainebleau a accueilli l’ensemble des souverains français au Moyen-Âge, mais surtout à partir de la Renaissance, en commençant par François 1er, puis sous l’Ancien régime, les rois d’Henri IV à Louis XVI, ou encore au 19e siècle, sous le 1er Empire de Napoléon, sous la Restauration, la Monarchie de Juillet et ce jusqu’au Second Empire de Napoléon III. Dans son architecture éclectique, comme dans la richesse de ses décors, de son mobilier ou encore dans la composition de ses jardins, le Palais de Fontainebleau reflète les grandes périodes et les événements importants qui ont fait l’Histoire de France.
Je vous recommande donc de vous rendre sans hésitation à Fontainebleau pour découvrir cette résidence de chasse et de villégiature, témoin de la vie officielle mais aussi intime des cours royales puis impériales françaises.
Si je suis déjà venu plusieurs fois à Fontainebleau, j’avais jusqu’alors uniquement suivi le parcours de visite libre. A l’occasion de ma dernière journée bellifontaine, j’avais décidé de prendre le billet « Une journée au château » qui propose 3 visites guidées en plus de l’accès libre au château de Fontainebleau et aux jardins :
Une visite « découverte du château » qui permet non pas de visiter le monument dans son ensemble, mais de le découvrir à travers des pièces emblématiques de son histoire et de celle de ses résidents. C’est une bonne visite introductive qu’il faut compléter par la visite libre -les audioguides proposés sont très bien faits à ce sujet.
Une visite des « Petits appartements intérieurs » : ici on entre dans la vie intime des souverains, rois et empereurs, qui ont vécus au château. On entre dans des pièces privées où ils se retrouvaient en petit comité familial ou amical, en-dehors des appartements d’apparats, publics et plus officiels.
Une visite du « Théâtre Impérial » : un théâtre incroyablement bien conservé, commandé par Napoléon III et réalisé par Hector Lefuel entre 1854 et 1857. Ce lieu permet de mieux comprendre Fontainebleau au Second Empire, sous le règne de ses derniers propriétaires, l’Empereur Napoléon III et l’Impératrice Eugénie.
D’autres visites guidées sont disponibles, mais ce billet de découverte d’une journée donne déjà un bel aperçu global du Château.
Cet article est le troisième que je consacre à Fontainebleau. Il serait effectivement un peu trop long de raconter l’ensemble de ma journée de visite en un seul article. Je vous propose donc de la décomposer en quatre parties :
Un article sur l’histoire du château de Fontainebleau : cet article et le podcast qui l’accompagne sont déjà disponibles en ligne, sur mon blog www.lescarnetsdigor.fr et sur les plateformes usuelles de podcasting.
Un article sur la 1ère partie de la visite plus générale du château, incluant le Musée Napoléon 1er, l’Appartement du Pape Pie VII et les Appartements dits des « Reines Mères » : à retrouver dans le deuxième article consacré, également disponible sur mon blog.
Un article qui poursuit la visite publique et générale du château avec les Grands Appartements des souverains et l’Appartement Intérieur de l’Empereur : c’est l’objet de l’article et du podcast que je vous propose d’aujourd’hui.
Un article sur la visite guidée des Petits Appartements privés et du Théâtre Impérial : à retrouver dans un quatrième et dernier article.
Je ne vais pas retracer l’histoire du Château de Fontainebleau ici, vous avez tout dans l’article dédié. Aujourd’hui, je vous propose de poursuivre la découverte du Château initiée dans l’article précédent, en continuant le parcours habituel de visite publique, agrémenté d’anecdotes et de la découverte des salles privées auxquelles j’ai pu accéder grâce au billet « Découverte du Château » :
Les Grands Appartements des Souverains
L’Appartement intérieur de l’Empereur.
J’ai en effet choisi de compiler la visite libre, à laquelle on accède grâce au billet standard, avec des éléments de la visite guidée « Découverte du Château » par laquelle j’ai commencé ma journée à Fontainebleau. Cette visite guidée n’est effectivement pas linéaire et elle nécessite un tour plus général du château en complément. Elle est organisée autour de focus sur des périodes et des personnalités qui ont fait Fontainebleau et que l’on découvre à travers la visite d’une sélection de pièces emblématiques du Palais comme par exemple la Galerie François 1er pour la Renaissance, le salon Louis XIII, la Galerie des Cerfs d’Henri IV, ou encore le mobilier de Napoléon III pour parler du Second Empire.
Dans l’article précédent, ma visite s’arrêtait à la Chapelle de la Trinité.
Je vous propose de reprendre ici, avant d’entrer dans les Grands Appartements officiels des souverains, ces appartements dits d’apparat, puisque c’est ici qu’ils s’exposaient au public et à la cour, suivant un protocole bien défini.
Visite découverte de Fontainebleau
Nous reprenons aujourd’hui la visite dans le Vestibule du Fer à Cheval ou Vestibule de la Chapelle qui dessert la Chapelle de la Trinité et la Galerie François 1er.
Après avoir visité la Chapelle de la Trinité dans le précédent article, nous gagnons la célèbre Galerie François 1er, réalisation emblématique de la Renaissance et symbole du Fontainebleau de François 1er.
Servant avant tout de passage entre la chambre du roi, qui se trouve dans le donjon hérité du Moyen-Âge, et la chapelle, cette galerie est privée. Son décor exceptionnel sert la gloire du Roi qui en a seul les clefs. Il y invite uniquement ses proches ou ses invités de marque. Une terrasse construite en parallèle permettait au reste de la Cour de circuler.
D’un point de vue architectural, c’est une pièce très innovante. La Galerie François 1er présente pour la première fois une alliance de lambris sculptés, de fresques murales et de stucs. Le décor réalisé entre 1533 et 1539 par le peintre florentin Giovanni Battista di Jacopo, dit le Rosso, car il était roux, chevelu et barbu ; et par le peintre/architecte/sculpteur originaire de Bologne, Francesco Primaticcio, dit le Primatice, propose une esthétique et des techniques artistiques qui donnent naissance à ce qu’on appellera plus tard « la Première Ecole de Fontainebleau » (1526-1570). Un mouvement qui influencera l’Europe de la Renaissance. Le lambris sculpté est orné des armes de France et du chiffre de François 1er, le « F » et de son emblème, la salamandre. Au-dessus, les murs sont décorés avec les fresques de Rosso qui représentent des scènes de la mythologie mettant en scène la puissance protectrice du Roi. Ces fresques sont ornées de stucs et de cartouches qui donnent l’effet d’un encadrement en haut relief. On retrouve les décors emblématiques de l’École de Fontainebleau : des cartouches dessinés ou sculptés en forme de cuir enroulé, comme un parchemin ; ou encore des mascarons, ces ornements sculptés en forme de masques ou de figures humaines.
Point anecdote ! La Galerie se trouve dans une nouvelle aile construite par François 1er pour relier le donjon médiéval à la Chapelle de la Trinité et à un nouveau pavillon. Mais saviez-vous que tout était pensé dans cette nouvelle aile pour glorifier toutes les qualités du Roi? En effet, sous cette grande Galerie fut construit par Primatice l’appartement des bains, avec des bains à l’antique proposant eau chaude, eau tiède et eau froide. Au-dessus de la Galerie François 1er fut réalisée une bibliothèque royale. L’idée est de montrer que la puissance du Roi, que l’on retrouve à travers la galerie à sa gloire (le Roi y est représenté en homme guerrier, fort et protecteur de l’Etat), s’accompagne d’un corps sain (avec la galerie des bains en dessous) et d’un esprit instruit (la bibliothèque au-dessus).
Je ne vous détaille pas tous les décors mais notre guide était parfaite pour nous aider à comprendre les scènes mythologiques de fresques, et les ornements typiques de l’Ecole de Fontainebleau. Je vous invite à passer du temps dans cette galerie car il y a beaucoup à observer.
Point anecdote ! De quelle activité inattendue pensez-vous que la Galerie François 1er a été le théâtre au 19e siècle ? Pour le savoir, revenons au 10 juillet 1914. Ce jour-là, 44 ans après la chute du Second Empire (le 4 septembre 1870), Eugénie, l’ancienne Impératrice des Français et épouse de Napoléon III, est de retour pour une dernière visite de cette résidence qu’elle a tant aimé. Relatée par l’historien Arthur Vincent qui était présent (et publiée par Etienne Chilot aux éditions Le Charmoiset), cette journée émouvante a été l’occasion pour Eugénie de raconter ses souvenirs d’un Fontainebleau impérial fastueux. Ainsi, en traversant la Galerie François 1er, elle se souvient : « Pour arriver à nos appartements, après avoir monté l’escalier du Fer-à-Cheval […], on pénétrait dans le Grand Vestibule puis in traversait la Galerie François 1er, où, quelques fois, nous faisions du patin à roulettes ». Et oui ! C’est assez surprenant, non ? Imaginez donc l’Impératrice et ses dames de compagnies en train de patiner sur les parquets de cette impressionnante galerie.
Quittons maintenant la Galerie François 1er pour entrer dans la salle des Gardes, première salle du Grand Appartement du Roi. On y accueillait les personnes admises aux audiences royales. Le plafond est d’origine, construit sous le Roi Charles IX, deuxième fils d’Henri II et Catherine de Médicis (donc petit-fils de François 1er). Le reste du décor a été réalisé dans un style 16e siècle / début 17e dans les années 1835 sous Louis-Philippe qui en fait un salon de réception. La cheminée est impressionnante. Elle est comme ciselée dans la pierre blanche et présente un magnifique buste d’Henri IV qui surplombe la pièce.
Nous traversons maintenant le petit salon Louis XV puis le vestibule de l’appartement de Madame de Maintenon, la dernière favorite puis épouse morganatique de Louis XIV.
Point anecdote ! Qu’est-ce qu’une épouse morganatique ? Un mariage morganatique est un mariage entre un prince ou un roi régnant et une personne de rang inférieur. Françoise d’Aubigné, veuve du poète Paul Scarron, était en effet au départ la gouvernante des enfants légitimés du Roi Soleil et de sa favorite Madame de Montespan. L’affection va grandir entre Louis XIV et cette femme pieuse, cultivée et attentionnée. Françoise deviendra Madame de Maintenon, le jour où le Roi la présentera comme tel, car il ne suffisait que de ça pour obtenir un titre. La cour n’est alors plus dupe de leur intimité. On parle même de « Madame de Maintenant » pour signifier que désormais, il faut compter avec elle. Louis XIV et Madame de Maintenon resteront cependant très discrets et se marieront secrètement le 9 octobre 1683. Un mariage morganatique donc qui durera jusqu’à la mort du Roi le 1er septembre 1715.
L’Appartement de Madame de Maintenon était en restauration lorsque je suis venu. Mais on peut habituellement le visiter avec un guide.
Nous entrons maintenant dans une des plus belles salles du château de Fontainebleau : la salle de Bal. A l’origine, François 1er souhaitait créer une loggia ouverte à l’italienne sur cette aile qui donne dans la Cour Ovale du Château. Mais cette loggia extérieure est peu adaptée au climat de la région. Aussi, le fils de François 1er, Henri II, va-t-il fermer les arcades ouvertes en installant notamment de grandes fenêtres et en créant des alcôves situées sur les côtés de cette immense salle. En lieu et place de la voûte prévue par son père, Henri II installe également un magnifique plafond à caissons en bois réalisé par le même menuisier italien que pour la Galerie François 1er, Francesco Scibec de Carpi. Ce plafond, comme les lambris du bas des murs, reprennent le chiffre d’Henri II, un « H », et son emblème, un croissant de lune qui symbolise sa devise : « Donec totum impleat orbem », soit « jusqu’à ce qu’il (le croissant) remplisse tout le disque », c’est-à-dire jusqu’à ce que le Roi remplisse le monde entier de sa gloire.
Ce qui est remarquable aussi dans cette grande salle, ce sont les peintures qui couvrent les murs au-dessus des lambris et qui représentent des scènes mythologiques. Ces murs sont peints à fresques à partir de 1552 par Niccolo Dell’Abate, sur des dessins du peintre de la Galerie François 1er, le Primatice. Leur originalité réside dans le fait qu’elles ne sont pas encadrées et qu’elles épousent littéralement les murs.
Point anecdote ! Que signifie des murs peints à fresques ?
La fresque est une technique de peinture murale qui s'opère sur un enduit qui n'a pas encore séché afin de permettre aux pigments de mieux pénétrer dans le mur et donc aux couleurs de durer plus longtemps. Le terme vient de l’italien « affresco », c’est-à-dire, « dans le frais ». Par extension, une fresque désigne aujourd’hui toute peinture murale.
A l’extrémité de la salle de Bal se trouve une imposante cheminée avec des bronzes du Primatice. Une estrade est montée juste devant l’âtre pour permettre au Roi et à la Reine, qui s’installaient en hauteur pour dominer la salle, de rester au chaud. Cette salle servit de salle de réception et de bal jusqu’à l’époque de Napoléon III, au 19 e siècle.
Sortons de la salle de Bal par une petite ouverture à gauche de la cheminée, et entrons dans la Chapelle Saint-Saturnin. Une chapelle dédiée à la Vierge et à Saint-Saturnin avait été édifiée par Louis VII au Moyen-Âge, mais celle que nous voyons est l’œuvre du règne de François 1er. Preuve en est la salamandre symbolisant le Roi que l’on retrouve sur les clefs de voûtes, accompagnée de la date 1546. Le décor peint date d’Henri IV, puis Louis XIII fait redécorer la Chapelle Saint-Saturnin avec des décors de dauphins à la naissance de son fils, le futur Louis XI, en 1638. Je trouve cette Chapelle plus émouvante que la Chapelle de la Trinité. Elle est moins clinquante, mais elle est plus intime. Elle inspire plus au recueillement et moins à la représentation. Surtout, n’oubliez pas de lever les yeux pour contempler la voûte et le dôme !
Nous retraversons la salle de Bal, puis la salle des Gardes, et arrivons sur un palier : celui de l’escalier du Roi installé en 1748-49 par Louis XV. Il est haut en couleurs, et mélange les styles Renaissance (c’était à l’origine la chambre de la favorite de François 1er Anne de Pisseleu), 17e siècle et 19e à travers les peintures du mur oriental réalisées sous Louis-Philippe.
Nous traversons ensuite une rotonde réalisée sous Louis-Philippe où est exposée une sculpture ayant appartenue à François 1er : une statue de femme nourricière dite la Nature, réalisée par Tribolo (1529). On y voit aussi au plafond un autre chiffre d’Henri II qui faisait polémique à l’époque : un « H » et un « C » entremêlés, pour Henri II et Catherine de Médicis, mais qui, si on regarde bien, ressemble également à un « H » et un « D » entremêlés, le « D » de Diane de Poitiers, maîtresse du roi.
Nous pénétrons maintenant dans les salles dites de Saint-Louis situées au cœur du donjon médiéval. On ne voit pas à première vue que c’est la plus ancienne salle du château. Mais si on regarde au niveau de la fenêtre, l’épaisseur des murs (2 m de large tout de même !) nous rappelle la forteresse médiévale.
Point Histoire ! Savez-vous qui est Saint-Louis ? le Roi Louis IX, dit Saint-Louis, a régné de 1226 à 1270. Roi très pieu, il a fait plusieurs croisades dont la dernière contre le sultan de Tunisie lui sera fatale. Il a fait construire les cathédrales de Reims, Chartres et Amiens, mais aussi la Sorbonne ou encore la Sainte-Chapelle à Paris en 1254 où il y place la couronne d’épines du Christ. Jusqu’à la chute de l’Ancien Régime, les Rois de France se revendiquent tous de Saint-Louis.
Au 16e siècle, les salles Saint-Louis abritent le logis royal avec la chambre du Roi. Sous Louis XV, ces salles sont réunies pour former une de ses antichambres. Napoléon en fera une salle des officiers. La cheminée où trône Henri IV à cheval provient initialement de la salle dite « de la Belle Cheminée » réalisée en 1600 mais qui n’existe plus.
Nous entrons maintenant dans le très beau salon Louis XIII. Jusqu’au 16e siècle, c’est le Cabinet du Roi. C’est ici que naîtra le futur Louis XIII, d’où le nom de cette pièce. En effet, la chambre de la Reine Marie de Médicis était trop exigüe pour recevoir la cour qui assistait à l’accouchement qu’il a fallu organiser dans cette salle. En levant les yeux, vous verrez un médaillon au plafond qui représente Louis XIII enfant sur un dauphin, emblème des futurs rois.
Point anecdote ! Pourquoi dit-on dauphin lorsqu’on parle de l’héritier au trône de France ? Aucun lien avec le mammifère marin que l’on connaît tous, même s’il est par analogie l’emblème des dauphins de France. Ce titre est attribué à sa naissance au fils aîné du Roi de France régnant. C’est à partir de 1349 que la terme dauphin est employé la 1ère fois pour désigner le successeur du Roi, lorsque Philippe VI achète la région du Dauphiné du Viennois, alors seigneurie indépendante. Il rattache ce territoire au Royaume de France et le donne à son petit-fils, le futur Charles V qui prend le titre de Dauphin. Cette tradition restera dans la monarchie française. Louis XVI et Louis-Philippe 1er préférerons cependant le titre de Prince Royal pour désigner leurs successeurs.
Le Salon Louis XIII est très bien conservé dans son décor de la fin du 16e et du début du 17e siècle. Seul le mobilier, réalisé dans un style Louis XV, est issu du Second Empire. On remarque les chaises fines, dites « chaises volantes », qui pouvaient être déplacées selon les besoins, contrairement à ce qui se faisait avant où le mobilier était affecté à une fonction et un endroit précis. Le 19e siècle est aussi présent à travers les chauffeuses et autres fauteuils capitonnés confortables typiques du Second Empire.
Quittons ce beau salon pour en retrouver un autre tout aussi intéressant : le salon François 1er.
On entre ici dans le Grand Appartement de la Reine. Ce salon était originellement la chambre de la seconde épouse de François 1er, Eléonore d’Autriche. De cette époque on retrouve la superbe cheminée sculptée au centre de laquelle se trouve une peinture du Primatice. On remarque d’ailleurs en haut de cette cheminée le « F » de François 1er. Au 17e siècle, cette pièce devient la seconde antichambre de la Reine, et sert sous Louis XVI de salle à manger pour les repas publics de la famille royale. Sous le 1er Empire elle reste une salle à manger puis devient salon de réception sous Louis-Philippe comme au Second Empire. On y trouve des tapisseries des Gobelins datant du début du 18e siècle, mais aussi un tapis Louis XVIII issu de la salle du Trône du Palais des Tuileries, tout comme la table sculptée. Encore une fois cette pièce est typique de Fontainebleau mêlant les style set les époques.
Poursuivons dans le salon des Tapisseries. Ici se trouvait l’antichambre de la Reine. Du 18e siècle, il ne reste que la cheminée créée en 1731 pour Marie Leczinska, femme de Louis XV. Cette pièce devient le premier salon de l’Impératrice sous le 1er Empire, puis un salon de réception sous Louis-Philippe qui y fait poser un plafond à caissons. Napoléon III, sous le Second Empire, y installe des tapisseries du milieu du 17e siècle, issues des collections de Louis XIV et illustrant la vie de Psyché. C’est ici aussi une pièce très chargée mais dans laquelle on ressent la présence des différents résidents du château. Une pièce qui comme les précédentes permet de se représenter la vie à Fontainebleau.
De là, nous passons dans l’antichambre de l’Impératrice, ancienne salle des gardes de la Reine. Les tapisseries qui représentent les saisons, proviennent de la manufacture des Gobelins et datent du 17e siècle, tandis que le plafond à caissons a été installé par Louis-Philippe, et le mobilier par Napoléon III et Eugénie. Un mobilier simple, pour une salle qui ne sert que de passage.
Cette pièce donne sur l’escalier de la Reine que nous empruntons pour descendre. On peut y observer des tableaux représentant des scènes de chasse. Réalisés sous Louis XV, ce sont en fait des cartons à tapisseries qui servaient de modèles aux tapissiers, et qui ont été ensuite exposés ici.
Nous nous trouvons maintenant au rez-de-chaussée. Nous allons pouvoir découvrir la Galerie des Cerfs, fermée au public mais accessible grâce à notre visite guidée. Il aurait été dommage de la manquer ! Voulue par Henri IV, cette galerie a été conçue pour relier le château à la toute nouvelle volière du Jardin de Diane qui, à l’époque, est le jardin privé des rois et reines. C’est l’unique galerie royale qu’il nous reste du règne d’Henri IV. Décorée en 1600, elle présente les forêts et les maisons royales de France. Ce n’est pas une galerie dédiée à la gloire du Roi, mais à son empire immobilier. Henri IV n’est pas un roi bâtisseur comme François 1er ou le futur Louis XIV. Mais il s’est attaché à entretenir et restaurer les biens fonciers des rois précédents. Sur les fresques de la galerie, on retrouve des châteaux comme Chambord, Compiègne ou encore Villers-Cotterêts.
Point histoire ! A propos de Villers-Cotterêts, connaissez-vous l’Ordonnance dite de Villers-Cotterêts ? c’est l’une de plus importantes de notre Histoire. C’est aussi le plus ancien texte législatif encore en vigueur en France ! En août 1539, François 1er édicte un ensemble d’articles qui impose le français comme langue officielle du Royaume de France pour l’administration et la justice, en lieu et place du latin et des langues et dialectes régionaux. C’est depuis cette ordonnance que la France est unie autour d’une même langue officielle.
Revenons à la Galerie des Cerfs, on y voit des têtes de cerfs sculptées au mur, des sculptures de bronze dont certaines se trouvaient dans le jardin à l’époque d’Henri IV. Cette galerie avait été compartimentées en appartements pour la cour sous Louis XV et Louis XVI. En 1860, Napoléon III détruit les cloisons, retrouve le volume de la galerie et en découvre le décor originel qu’il restaure en l’état.
Cette Galerie se trouve en-dessous de la Grande Galerie de Diane elle-aussi créée par Henri IV pour servir de promenade à la Reine. Nous montons donc au 1er étage pour nous y rendre. C’est la plus grande pièce du château avec 80 mètres de long et 7 de large. Au plafond de la Galerie de Diane, on y voit des scènes du mythe de la déesse de la chasse. Malheureusement, on ne peut entrer dans cette galerie. On ne peut que l’observer depuis le palier où nous nous trouvons. Très abîmée après la Révolution, Napoléon commence sa restauration, mais c’est son successeur Louis XVIII qui va réintégrer des peintures de Diane. Louis-Philippe en fait une salle de banquet, et Napoléon III la transforme en bibliothèque. Pas moins de 16 000 livres s’y trouvent ! On peut y observer aussi le globe monumental qui appartenait à Napoléon 1er.
Nous pénétrons maintenant dans le salon Blanc ou petit salon de la Reine. Ancien cabinet de la Reine Marie de Médicis au 17e siècle, il devient sous la Monarchie de Juillet (1830-1848) un salon de détente pour la Reine Marie-Amélie, femme de Louis-Philippe 1er. Il est alors rénové avec un mélange de style Louis XV, Louis XVI et 1er Empire. Sous le second Empire, cette pièce servira de salon pour les Dames de Compagnie de l’Impératrice Eugénie. On est ici dans une pièce typique du 19e qui mélange les styles.
La pièce suivante est l’ancien Grand Cabinet de la Reine avant la Révolution, que Marie-Antoinette redécore pour en faire un salon de jeux. Les décors sont néo-classiques, inspirés de l’Antiquité. En effet, c’est au 17e siècle qu’on redécouvre les sites de Pompéi et Herculanum en Italie, ce qui met à la mode le style antique. Sous Napoléon 1er, cette pièce devient le Grand Salon de l’Impératrice Joséphine, puis de Marie-Louise, sa seconde épouse. C’est dans cet état, avec le mobilier d’alors, que nous découvrons cette salle. La disposition des assises est celle du 1er Empire et a une signification. Chacun des sièges a en effet une fonction propre. Les deux fauteuils pour l’Empereur et l’Impératrice, les chaises pour les princes et princesses, les tabourets pour le reste de la cour et de la famille.
Nous entrons ensuite dans l’intimité des reines et impératrices. Plus précisément dans leur chambre. De Marie de Médicis, épouse d’Henri IV, à l’Impératrice Eugénie qui épouse Napoléon III en 1853, en passant par Marie-Antoinette, Joséphine et Marie-Louise, toutes les souveraines ont utilisé cette chambre d’apparat. Le décor est donc lui aussi éclectique et issu de différentes époques. Le lit est celui de Marie-Antoinette. Mais commandé en 1787, elle n’en profitera jamais puisqu’elle ne reviendra pas à Fontainebleau assez tôt avant la Révolution pour le voir. Joséphine et les Impératrices de France se l’approprieront. Les soieries lyonnaises au mur et sur le lit sont issues du 1er Empire, tout comme les tabourets et fauteuils. Les dessus de portes datent de Marie-Antoinette. Le plafond sculpté et daté de 1644 vient d’Anne d’Autriche, la mère de Louis XIV. L’esthétique rocaille de l’alcôve et des fenêtres a été réalisée pour Marie Leczinska, femme de Louis XV. On est ici dans une pièce vraiment bien conservée qui propose une véritable histoire de la décoration d’intérieur.
Quittons cette somptueuse chambre pour entrer encore un peu plus dans l’intimité de la souveraine. Nous sommes ici dans le Boudoir de la Reine Marie-Antoinette, où elle pouvait « bouder » le protocole, c’est-à-dire se mettre à l’écart des contraintes de la cour. Les décors de lambris sculptés et dorés sont typiques du 18e siècle. Je vous invite à prendre quelques minutes pour bien observer le secrétaire à cylindres plaqué de nacre qui a appartenu à la Reine. Il est très délicat et à l’image de ce qu’on peut imaginer du goût de Marie-Antoinette.
Point anecdote ! Que sont devenus tous les meubles de l’Ancien Régime ?
Une très grande partie des meubles et objets des châteaux français, et notamment du mobilier de Louis XVI et Marie-Antoinette, a été vendue aux enchères à la Révolution. Beaucoup ont été achetés par la famille royale et les aristocrates anglais. Ainsi, on peut dire que Buckingham Palace, aujourd’hui encore, est meublé en « Made in France » ! Certains meubles de l’époque ont cependant été rachetés par l’Etat français ou par les lieux historiques eux-mêmes afin de remeubler le patrimoine français. A Fontainebleau, c’est notamment le cas du secrétaire de nacre de Marie-Antoinette.
Nous rejoignons maintenant l’ancien Grand Appartement du Roi devenu l’Appartement de l’Empereur. Nous pénétrons dans une des pièces emblématiques du Château de Fontainebleau: l’ancienne chambre du Roi, plus connue aujourd’hui comme la salle du Trône de Napoléon 1er. Sous l’Ancien Régime, cette chambre d’apparat a accueilli tous les rois, d’Henri IV à Louis XVI. On retrouve donc le plafond, les lambris et une partie de la cheminée de Louis XIII, mais aussi le décor de boiserie de Louis XV. Dans cette pièce royale, les courtisans devaient présenter leur respect au Roi, même en son absence. Napoléon 1er décide d’y installer son trône, sur une estrade et sous un dais comme ce qui se faisait avant la Révolution. Tout un symbole ! En France, c’est l’unique salle du trône qui existe en l’état avec son mobilier. Personnellement, c’est une salle impressionnante où je suis resté un moment car on y ressent la puissance que devait représenter l’Empire.
Poursuivons par la salle du Conseil. C’est l’ancien Grand Cabinet du Roi créé à cet endroit par Louis XV. Quand Napoléon 1er réhabilite Fontainebleau, il garde cette fonction de salle du Conseil. La pièce est meublée comme elle l’était sous le 1er Empire. L’Empereur s’asseyait sur le fauteuil, tandis que ses conseillers prenaient les chaises ou les pliants.
Point anecdote ! Attenante à ce Grand Cabinet, se trouvait une petite pièce destinée au premier valet de chambre du Roi. Selon la tradition, après chaque conseil, on y brûlait les papiers pour ne pas laisser de traces des échanges confidentiels.
Nous quittons maintenant les Grands Appartements du Roi pour gagner l’appartement intérieur de l’Empereur. Cette succession de pièces plus privées et distinctes des salons d’apparat a été commandée par Napoléon 1er en 1804. Ces salles prennent place dans le bâtiment construit en 1786 par Louis XVI le long de la Galerie François 1er pour en faire son appartement intérieur.
La première pièce que nous découvrons est la chambre de l’Empereur. Sous Louis XVI, il s’agissait du Cabinet de la Poudre, autrement dit le cabinet de toilette. Le décor initial est toujours visible mais la pièce est meublée style Empire avec notamment un lit surmonté de l’aigle impérial et dont les sculptures représentent des allégories de la Gloire et la Noblesse, ou encore de la Justice et l’Abondance. On remarque aussi le tapis décoré de la légion d’honneur. Cette chambre est richement décorée mais assez petite. On y ressent l’intimité de l’Empereur qui assoit quand même son pouvoir par les symboles que l’on retrouve un peu partout dans la pièce. Les successeurs de Napoléon coucheront tous dans cette chambre.
A côté de cette chambre, nous pénétrons maintenant dans… une autre chambre ! Il s’agit de la petite chambre à coucher de l’Empereur. Ancien cabinet de travail de Louis XVI, cette pièce, couverte d’une draperie de couleur « Vert Empire », sert aussi de bureau à Napoléon. L’Empereur travaillait beaucoup et dormait peu. Ici, grâce au lit de camp, il pouvait se reposer rapidement entre deux travaux. Avec l’escalier à vis qu’il fait installer depuis ce cabinet de travail, Napoléon pouvait rejoindre son grand bureau/bibliothèque situé à l’étage en-dessous. Ce qui est intéressant ici, c’est le bureau mécanique conçu spécialement pour l’Empereur pour lui permettre d’étudier plus aisément les cartes et les plans pour ses prochaines campagnes militaires.
Nous passons maintenant dans une pièce importante de l’Histoire de France : le salon particulier de l’Empereur, dit « Salon de l’Abdication ». C’est ici, sur le guéridon que l’on peut voir aujourd’hui encore, que Napoléon, sommé par les maréchaux de renoncer au pouvoir, signe son acte d’abdication le 6 avril 1814, avant de faire ses adieux à ses troupes dans la Cour d’Honneur du Château qui devient ainsi la Cour des Adieux. Je dois dire que cette pièce est émouvante. On ne peut s’empêcher d’imaginer le désespoir de cet homme puissant qui abdique à contre cœur après un règne qui influença toute l’Europe.
Nous passons ensuite le passage des bains où l’on peut apercevoir la baignoire de Napoléon en cuivre, puis nous entrons dans le salon des Aides de camp de l’Empereur. Il est meublé plus simplement et accueillait la garde rapprochée de Napoléon.
Enfin, nous traversons l’antichambre de l’Empereur, très peu meublée. Une porte donne sur la Galerie François 1er, l’autre, que nous empruntons, donne sur un escalier qui nous permet de redescendre face à la Chapelle de la Trinité dont on peut contempler le rez-de-chaussée après en avoir découvert le balcon dédié aux souverains en début de visite.
Ainsi s’achève la visite générale du château. Un parcours que vous pouvez faire en visite libre en le complétant de la visite « Découverte du château » pour mieux appréhender ce monument historiquement riche. Je vous donne rendez-vous dans un quatrième et dernier podcast dédié à Fontainebleau où je vous ferai découvrir les Petits Appartements privés des souverains, ainsi que le Théâtre Impérial construit sous le Second Empire.
Mon avis sur cette visite
Comme je le disais dans mon article précédent, la visite guidée « découverte du Château » est intéressante car on y détaille des éléments ou des anecdotes que l’on ne peut retrouver lors de la visite libre. Elle permet aussi d’entrer dans des pièces fermées au public, et ça, j’apprécie bien sûr. Mais elle ne remplace pas le parcours public qui est vraiment très riche et bien expliqué via les audioguides.
En réalité, j’aurais aimé que la visite « Découverte du château » propose un tour plus complet avec une vision plus large de son histoire. Ici, la guide s’attache à faire des focus sur des pièces, des événements ou des personnalités résidentes au château. C’est très intéressant mais selon moi ça n’est pas suffisant.
Informations pratiques
Le Château de Fontainebleau est très accessible en voiture comme en train, notamment depuis Paris. La Gare de Fontainebleau-Avon se trouve à environ 45 minutes de Paris Gare de Lyon. Une fois arrivé, il vous suffit de prendre le bus qui mène tout droit au Château en 10 minutes.
Pour retrouver l’histoire du château mais aussi toutes les informations pratiques concernant les visites guidées ou non proposées à Fontainebleau, rendez-vous sur le site officiel très bien fait.
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