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Photo du rédacteurIgor Robinet-Slansky

FONTAINEBLEAU: Musée Napoléon 1er, Appartement du Pape et Appartements des Reines Mères

Dernière mise à jour : 11 avr. 2023

Aujourd’hui je vous propose un deuxième article autour de la visite que j'ai faite du célèbre Château de Fontainebleau: un lieu majeur de l’Histoire de France et un monument incontournable du patrimoine français.

Cette résidence royale puis impériale étend en effet son histoire sur plus de 8 siècles. Le Château de Fontainebleau a accueilli l’ensemble des souverains français au Moyen-Âge, mais surtout à partir de la Renaissance avec François 1er, puis sous l’Ancien régime, sous le 1er Empire de Napoléon, et ce jusqu’au Second Empire de Napoléon III au 19e siècle. Dans son architecture éclectique, comme dans la richesse de ses décors, de son mobilier ou encore dans la composition de ses jardins, le Palais de Fontainebleau reflète les grandes périodes et les événements importants qui ont fait l’Histoire de France.

Je vous conseille donc de vous y rendre sans hésitation pour visiter cette résidence de chasse et de villégiature royale et impériale, témoin de la vie officielle mais aussi intime des rois, reines, empereurs et impératrices français.e.s.

De mon côté, je suis déjà venu plusieurs fois à Fontainebleau. J’avais alors suivi le parcours de visite libre qui est déjà très complet. Mais cette fois-ci, j’ai choisi de prendre le billet « Une journée au château » qui propose un accès libre au château de Fontainebleau et aux jardins, bien sûr, mais aussi 3 visites guidées :

  • Une visite « découverte du château » qui permet non pas de visiter le monument dans son ensemble, mais de le découvrir à travers des pièces emblématiques de son histoire et grâce à une série d’anecdotes concernant ses résidents. Une bonne visite introductive qu’il faut compléter par la visite libre. Les audioguides proposés sont très bien faits pour ça.

  • Une visite des « Petits appartements intérieurs » : ici on entre dans la vie intime des souverains qui ont vécus au château. On entre dans des pièces privées où ils se retrouvaient en plus petit comité familial ou amical, à l’écart des appartements d’apparats, qui sont des espaces publics et donc plus officiels.

  • Une visite du « Théâtre Impérial » : un théâtre incroyablement bien conservé, commandé par Napoléon III et réalisé par Hector Lefuel entre 1854 et 1857. Ce lieu permet de mieux comprendre Fontainebleau au Second Empire, sous le règne de ses derniers propriétaires, l’Empereur Napoléon III et l’Impératrice Eugénie.

Il existe d’autres visites que je pense faire une prochaine fois, mais ce billet de découverte d’une journée donne déjà un aperçu global du Château tout en permettant un accès à des sites privés, ce qui n’est pas pour me déplaire, vous le savez.

Cet article, et le podcast qui l'accompagne, est donc le deuxième que je consacre à cette journée bellifontaine. En effet, il serait trop long de raconter l’ensemble de ma visite en un article et en un podcast. Je vous propose donc de la décomposer en quatre parties :

  • Un podcast sur l’histoire du château de Fontainebleau, avec un focus sur des anecdotes et des moments marquants, déjà disponible en ligne sur mon blog lescarnetsdigor.fr et sur les plateformes usuelles de podcasting.

  • Un 2ème podcast sur la visite générale du château, avec les détails et anecdotes que j’ai appris lors de la visite guidée « Découverte du château ». Ce Podcast inclut le Musée Napoléon 1er, l’Appartement du Pape Pie VII et les Appartements dits des « Reines Mères » : c’est l’objet de l’article et du podcast d’aujourd’hui.

  • Un 3ème podcast qui complète la visite publique et générale du château avec les Grands Appartements des souverains et l’Appartement Intérieur de l’Empereur.

  • Un 4ème et dernier podcast sur la visite guidée des Petits Appartements privés de l’Empereur et du Théâtre Impérial.

Je ne vais donc pas retracer l’histoire du Château de Fontainebleau ici, mais vous emmener avec moi à la découverte des ailes ouvertes au public, mais aussi dans certaines pièces ou galeries habituellement fermées que j’ai pu découvrir grâce au billet «Découverte du Château».


J’ai en effet choisi de compiler la visite libre du château, plus complète, et des éléments de la visite guidée que je viens de citer. En effet, cette visite guidée n’est pas linéaire. Elle est organisée autour de focus sur des périodes et des personnalités qui ont fait Fontainebleau à travers la visite d’une sélection de pièces emblématiques du Palais comme la Galerie François 1er pour la Renaissance, le salon Louis XIII, la Galerie des Cerfs d’Henri IV, ou encore le mobilier de Napoléon III pour parler du Second Empire par exemple.

Aujourd’hui, dans le premier parcours de visite que je propose, nous suivrons le circuit public habituel et nous verrons ainsi :

  • Le Musée Napoléon 1er : j’en ferai une visite rapide.

  • -L’Appartement du Pape Pie VII et l’aile des Reines Mères.




Retrouvons-nous maintenant à l’entrée du château, à l’entrée de l’aile Louis XV qui donne sur la Cour d’Honneur du Palais.




Visite découverte de Fontainebleau

Avant de commencer la visite, un petit point chiffré. Le Château de Fontainebleau, c’est tout de même 800 ans d’histoire et d’histoires, 1 500 pièces, et 130 hectares de parc et jardins.

Comme je le disais, l’entrée du château se fait dans l’aile Louis XV. Pour ma part, je suis entré dans le domaine par le Jardin de Diane, mais pour plus de sensations, vous pouvez arriver par l’entrée principale au niveau de la Grille d’Honneur construite par Napoléon 1er et qui donne directement sur la Cour d’Honneur où se trouve, sur la droite, l’aile dite de Louis XV.

Suivez-moi donc dans le Jardin de Diane. Ce « petit » jardin était à l’origine réservé aux souverains. Un ensemble de bâtiments, aujourd’hui détruits, fermaient ce jardin privé. On y trouvait notamment une volière et la Galerie des Chevreuils. On y trouve aujourd’hui la fontaine qui lui donne son nom, la fontaine de Diane installée sous Louis XIV au centre. Le jardin de Diane devient un jardin à l’anglaise sous Napoléon 1er, Louis-Philippe 1er le fait agrandir, et il devient jardin public sous la 3ème République. C’est un de mes jardins préférés au château car il est plus intime. C’est pourquoi j’aime entrer par ce parc.

De là, nous gagnons la Cour d’Honneur par laquelle nous arrivons sur la gauche, en longeant la salle du Jeu de Paume. Sur son côté ouest, cette Cour d’Honneur est ouverte sur la ville par une Grille d’Honneur créée en 1809/1810 par Napoléon 1er après la destruction de l’aile dite de Ferrare érigée par François 1er.

Cette cour naît en effet au XVIe siècle sous François 1er, et c’est sous le règne de son fils Henri II qu’est créé le célèbre escalier en fer à cheval qui mène au bâtiment à l’est de la cour et qui fait la renommée de Fontainebleau aujourd’hui encore. La construction et la transformation de la Cour d’Honneur s’est étalée du XVIe au XIXe siècle. Elle est aujourd’hui bordée de l’aile des ministres au nord, construite en 1530 sous François 1er. On y trouve d’ailleurs ses chiffres, c’est-à-dire sa signature, un grand « F », et son emblème, la salamandre, un animal qui à l’époque est symbole d’immortalité et d’invincibilité. Au sud, en face, se trouve l’aile Louis XV édifiée et transformée par le roi du même nom entre 1739 et 1774 pour créer des logements pour sa cour. Il détruit pour cela la Galerie d’Ulysse réalisée pour François 1er par le peintre/sculpteur/architecte italien le Primatice.

La Cour d’Honneur a porté plusieurs noms au cours de son histoire. On l’appelle aussi Cour du Cheval Blanc depuis le XVIe siècle où un cheval de plâtre avait été installé au centre. Puis, on va l’appeler aussi la Cour des Adieux depuis le départ de Napoléon 1er qui abdique à Fontainebleau le 6 avril 2014 et qui, après avoir descendu le fameux escalier en fer à cheval, prononce un discours devant sa garde dans cette cour le 20 avril 1814. Ce terme de Cour des Adieux est particulièrement mis en avant au Second Empire qui réhabilite le mythe de Napoléon.

Après avoir contemplé cette impressionnante Cour d’Honneur, je vous propose maintenant de pénétrer dans l’aile Louis XV pour débuter notre visite intérieure du château.

La visite commence par le Musée Napoléon 1er. Nous irons ensuite dans les Appartements du Pape et dans l’aile du château dédiée aux appartements des Reines Mères.

Le Musée Napoléon 1er

Cet espace se trouve dans les anciens appartements du Prince Impérial, le Roi de Rome, le fils de Napoléon 1er et de sa seconde épouse l’impératrice Marie-Louise. Ce musée présente le 1er Empire à travers la figure de Napoléon 1er, donc, Empereur des Français de 1804 à 1814. Une figure qui est intimement liée au Château de Fontainebleau puisque c’est lui qui le restaure après la Révolution et en fait une demeure somptueuse. La résidence royale avait en effet été laissée en partie à l’abandon à la Révolution et certains bâtiments avaient été transformés en école. Or pour Napoléon, Fontainebleau est un château symbolique de l’Histoire de France qu’il veut remettre en lumière en le réhabilitant en Palais Impérial. Un palais qu’il qualifie de «véritable demeure des rois et de château des siècles».

Point Histoire ! Pour bien comprendre Fontainebleau sous Napoléon 1er, il est important de faire un point rapide sur le 1er Empire.

Après la Révolution de 1789 se succèdent plusieurs régimes politiques.

  • La Première République de septembre 1792 à mai 1804 durant laquelle plusieurs régimes se succèdent également :

- Le Directoire de 1795 à 1799, qui doit son nom aux Cinq Directeurs, ou chefs de gouvernement qui sont à la tête du pays.

- Le Consulat qui s’impose à partir du 10 novembre 1799 à la suite du coup d’état du 18 brumaire de l’an VIII (i.e. le 9 novembre 1799) et qui porte Napoléon Bonaparte au pouvoir. Il est alors Premier Consul. Il le demeurera jusqu’à la proclamation du 1er Empire le 18 mai 1804.

  • Le 1er Empire (1804-1814) : Premier Consul, Napoléon réussit à remettre la France sur pieds en cinq ans. Les finances, l'administration, l'État, l'économie et la société sont reconstruits. C’est lui qui instaure le Code Civile que l’on utilise encore aujourd’hui. La paix est rétablie à l'intérieur et à l'extérieur ce qui amènent les Français à accorder toute leur confiance à celui qui propose d’établir l’Empire le 18 mai 1804. Un changement de régime et de constitution plébiscités par les Français le 6 novembre, qui fait de Napoléon Bonaparte, Napoléon 1er, l’Empereur des Français.

Le Sacre Impérial aura lieu le 2 décembre 1804 à la cathédrale Notre-Dame de Paris. Napoléon 1er et sa femme Joséphine, à qui il est marié depuis 1796, deviennent Empereur et Impératrice sous la bénédiction du Pape Pie VII. Les libertés sont vite restreintes, et une monarchie impériale est instaurée, avec la création en 1808 d’une noblesse d’Empire ouverte au mérite et au talent. La bourgeoisie se développe avec le commerce et l’industrie. Une prospérité économique qui conduit à une croissance démographique en France. Napoléon 1er forme alors sa Grande Armée pour satisfaire son désir de pouvoir européen. Sa politique extérieure consiste à contrer la Grande-Bretagne, concurrente en termes de puissance économique et politique. Il renforce les frontières naturelles de la France et construit son Grand Empire par la conquête de nouveaux territoires : après la défaite de Trafalgar en 1805, Napoléon 1er va remporter les victoires d’Austerlitz (2 déc. 1805), d’Iéna (14 oct. 1806), de Friedland (14 juin 1807), de Somosierra (30 nov. 1808) et de Wagram (6 juillet 1809). Il domine alors l’Italie, l’Allemagne, l’Espagne et s’allie avec l’Empire de Russie. Ces états qu’on appellent états vassaux, doivent appliquer le Code Civile français. Ils sont gouvernés par la famille et les proches de l’Empereur. En 1811, Napoléon 1er et sa seconde épouse Marie-Louise d’Autriche, donnent naissance à un fils, le Roi de Rome, qui donne l’espoir de la continuité de l’Empire. Pour information, Marie-Louise est la petite-nièce de Marie-Antoinette qu’il a épousée en 1809 après son divorce d’avec Joséphine qui ne pouvait lui donner de descendance.

Mais les nations européennes, qui pour beaucoup sont des monarchies, s’inquiètent et n’aiment pas cet empereur en qui ils voient toujours le soldat de la Révolution Française. La crise économique, religieuse et sociale qui s’installe en France fragilise l’Empire de l’intérieur. Les ennemis extérieurs saisissent l’occasion pour ranimer les nationalismes sur leur territoire.

En 1812, Napoléon perd la guerre contre la Russie du Tsar Alexandre 1er notamment face au « Général Hiver », le climat hivernal rude du pays qui l’empêche d’avancer et tue ses hommes.

En Europe les nations se rebellent et se retournent contre la France qu’elles envahissent. Acculé sous tous les fronts, Napoléon 1er se réfugie à Fontainebleau après à la capitulation de Paris le 30 mars 1814. Le 2 avril 1814, le Sénat vote sa déchéance. Le 4 avril, reclus dans son appartement de Fontainebleau, Napoléon est contraint d’abdiquer en faveur de son fils, le roi de Rome. Le 6 avril, l’Empereur abdique une seconde fois, renonçant définitivement au trône pour lui et sa famille. Dans la nuit du 12 au 13 avril, ayant tout perdu, il tente de s’empoisonner dans sa chambre de Fontainebleau, mais le poison, qui avait dû s’éventer, ne fait pas son effet. Napoléon est contraint de quitter la France pour un exil sur l’Ile d’Elbe au large des côtes italiennes. Le 20 avril 1814, il met en scène ses adieux. Il convoque sa garde et, après une longue et mémorable descente de l’escalier en fer à cheval de Fontainebleau, Napoléon prononce un discours poignant devant ses soldats dans la Cour d’Honneur qui devient alors pour l’Histoire « la Cour des Adieux ». Par la suite, s’échappant d’exil, Napoléon remonte du Sud de la France sur Paris entre le 1er et le 20 mars 1815. Il s’arrête à Fontainebleau le 20 mars 1815 de 10h à 14h avant de regagner Paris. C’est la dernière fois qu’il revoit le château. Il régnera de nouveau jusqu’au 22 juin 1815 avant d’abdiquer une nouvelle fois après la défaite contre les Anglais à Waterloo. On appelle cette période du retour de Napoléon 1er celle des « Cent Jours ». Il finira sa vie en exil forcé sur l’île de Sainte-Hélène où il mourra le 5 mai 1821.

Après cette longue parenthèse sur le 1er Empire, retournons au musée.

Le musée s’ouvre sur la Galerie des Portraits qui présente la dynastie Bonaparte qui va se répartir de nombreux trônes européens. On y trouve entre autres Elisa Bonaparte, Madame Mère, la mère de l’Empereur ; Hortense de Beauharnais, fille de l’Impératrice Joséphine, devenue Reine de Hollande suite à son mariage avec le frère de Napoléon 1er, Louis Bonaparte (ils donneront naissance à Louis-Napoléon, futur Empereur Napoléon III), ; Jérôme Napoléon, frère de l’empereur et roi de Westphalie (Allemagne) ; Elisa, sa sœur, Reine de Toscane ; ou encore Joseph, son frère, Roi de Naples puis d’Espagne.

Vous l’avez compris, le musée Napoléon 1er vous détaille l’histoire impériale et le mode de vie de l’Empereur et de sa cour : cérémonie du sacre, fastes de la table impériale, l’Empereur en campagne militaire, Marie-Louise et son fils le Roi de Rome…

Partons maintenant à la découverte du Palais en commençant par l’Appartement du Pape Pie VII, qui se confond en grande partie avec celui des Reines Mères de l’Ancien Régime.

L’Appartement du Pape Pie VII et l’aile des « Reines Mères »

Du rez-de-chaussée nous gagnons le 1er étage pour nous retrouver dans la Galerie des Fastes.

Cette salle a été créée sous le Second Empire.

Point histoire ! Pour rappel, quelques repères historiques pour comprendre les différents régimes politiques après le 1er Empire décrit plus haut et qui ont accompagné l'histoire du château :

  • La Restauration. Deux Rois de France vont revenir sur le trône: les frères de Louis XVI, Louis XVIII (1814/15-1824) et Charles X (1824-1830). Cette période est appelée la «Restauration» puisque c’est un retour à la dynastie des Bourbon de l’Ancien Régime.

  • La Monarchie de Juillet : Louis-Philippe 1er devient Roi après une nouvelle Révolution de 3 jours qu’on appelle les « trois glorieuses » et qui met fin au règne de Charles X qui doit abdiquer. Si vous connaissez Paris, c’est en l’honneur de ces journées des 29/30 et 31 juillet 1830 que la colonne de la Bastille est dressée. Louis-Philippe, duc d’Orléans, accède donc au pouvoir. Il fait partie de la branche cousine des Bourbons, la dynastie régnante jusqu’alors. La Monarchie de Juillet de Louis-Philippe 1er dure de 1830 à 1848. Louis-Philippe se fera appeler Roi des Français et non plus Roi de France, pour montrer une certaine inclinaison face au peuple français.

  • La deuxième République : elle est proclamée en février 1848 après quelques jours d’une 3ème Révolution qui fait se soulever les libéraux et les républicains. Louis-Napoléon Bonaparte, le neveu de Napoléon 1er, est élu Président de la République en 1848. Celui qu’on appelle le «Prince-Président» va restaurer l’Empire après un coup d’état le 2 décembre 1851.

  • Le Second Empire : Le Second Empire est proclamé en 1852 et durera jusqu’au 4 septembre 1870.

  • La troisième République : après la défaite de la France lors de la Guerre menée par Napoléon III contre la Prusse en 1870, c’est la chute du Second Empire. A Paris, un groupe de Républicains mené par Gambetta proclame la République le 4 septembre 1870.


Revenons à la Galerie des Fastes. Pour Napoléon III et Eugénie, elle devait servir à retracer les grandes heures de Fontainebleau à travers une collection de tableaux. Elle ne sera pas finie, mais on peut toujours y voir le chiffre, i.e. le symbole, de Napoléon III au plafond : un « N » surmonté d’un aigle impérial. Notre guide nous y a arrêté pour contempler un tableau représentant le château sous Louis XIV. C’est intéressant de comparer le château à l’époque et aujourd’hui.

De cette salle, nous gagnons la Galerie des Assiettes commandée en 1840 par le Roi des Français, Louis-Philippe 1er. Décorée de lambris néo-renaissance, elle abrite une collection de 128 assiettes réalisées par la Manufacture de Sèvres qui représentent les différentes périodes de l’Histoire de Fontainebleau. Au-delà de ce « service historique de Fontainebleau », on y trouve un magnifique cabinet, c’est-à-dire un petit meuble, commémorant le mariage du duc d’Orléans, fils aîné du Roi, avec la princesse Hélène de Mecklembourg-Schwerin.

Nous repassons par la Galerie des Fastes et pénétrons directement dans l’Appartement du Pape. Il se situe dans l’aile dite des Reines Mères car cette aile, construite sous François 1er pour relier deux bâtiments, est ensuite aménagée en appartement sous Henri II. Un appartement occupé par sa veuve Catherine de Médicis puis par la seconde femme d’Henri IV et reine de France Marie de Médicis, et enfin par Anne d’Autriche, femme de Louis XIII et mère du futur roi Louis XIV. Il accueillera ensuite le Dauphin sous Louis XIV, puis des invités de marques, pour ensuite être occupé par Mesdames Henriette, Adélaïde et Victoire, les filles de Louis XV. Dédoublés sous Louis XVI, ces appartements accueilleront le Comte de Provence, frère de Louis XVI et futur Louis XVIII.

Napoléon 1er fait aménagé ces appartements pour accueillir le Pape Pie VII en 1804 avant son sacre du 2 décembre. Louis-Philippe y logera son fils, tandis que Napoléon III y accueillera sa cousine.

L’influence de tous ces résidents, vous allez voir qu’on la retrouve dans les décors, l’architecture et le mobilier encore aujourd’hui. Vous comprendrez alors que Fontainebleau, c’est avant tout ce mélange de styles, d’époques et d’histoire qui s’entremêlent.

Après avoir traversé l’antichambre noire, nous arrivons dans le salon des Huissiers. Cette seconde antichambre du Pape, qui devient salon des Huissiers sous Louis-Philippe, est meublée façon Directoire. Sur les murs, on retrouve de belles tapisseries de Beauvais illustrant les sciences et les arts.

Nous entrons ensuite dans le salon des Officiers du Pape. Une antichambre sous l’Ancien Régime devenue salon des Dame d’honneur de la Duchesse d’Orléans sous la Monarchie de Juillet. Les tapisseries des Gobelins datent de Louis XIV, ainsi que le mobilier du 17e siècle.

Vient ensuite le salon d’angle du Pape, ancien cabinet d’Anne d’Autriche devenu pièce des Nobles du Comte de Provence au 18e siècle, avant d’être un Grand Salon au 19e. Les tentures et peintures du 17e siècle se mêlent au mobilier confortable du Second Empire avec notamment ces fauteuils tapissés et molletonnés qu’on appelle chauffeuses.

Nous quittons le salon d’angle pour entrer dans la chambre à coucher du Pape, réaménagée en 1837 pour la Duchesse d’Orléans, belle-fille de Louis-Philippe, et enfin attribuée à la cousine de Napoléon III, la Grande Duchesse de Bade au 19e siècle. On y découvre un lit et des murs entoilés de soie rouge et agrémentés de fils d’or qui font écho aux dorures des moulures du plafond. Le lit était celui de Louis XVI au Château de Saint-Cloud, tout comme les fauteuils.

Nous traversons ensuite les Cabinets de Toilette du XVIIIe siècle, créés pour les filles de Louis XV puis utilisés par Madame Elisabeth, sœur de Louis XVI. Le décor date du Comte de Provence, frère de Louis XVI et futur Louis XVIII. On y trouve du mobilier 18e mais aussi des fauteuils 19e rappelant le passage des deux dernières hôtesses du lieu, la Reine Marie-Amélie et l’Impératrice Eugénie.


Nous pénétrons maintenant dans la chambre d’Anne d’Autriche, femme de Louis XIII et mère de Louis XIV. C’est une pièce qui m’a beaucoup impressionnée car elle est très bien conservée dans sa version originale de 1660. Elle donne à voir ce qu’était un appartement royal du 17e siècle, avec beaucoup de très beaux meubles et des décors chargés, certes, mais vraiment magnifiques. On remarque le portrait de Marie-Thérèse d’Autriche, femme de Louis XIV et Reine de France au-dessus de la porte. Les plafonds à caissons dorés et colorés comme les lambris des murs ajoutent à cette profusion d’ornements. Sous le Second Empire, cette pièce sert de salon. Le lit date de cette époque et reprend le style Renaissance, tandis que le tapis, lui aussi du 19e, est de style Louis XVI. Prenez vraiment le temps d’observer tous les éléments qui composent cette belle pièce car il y en a beaucoup et de très intéressants.

Nous entrons ensuite dans une autre très belle salle : le Grand Salon ou Salon de Réception, ancienne antichambre d’Anne d’Autriche. Pour information, on visite le château dans le sens inverse de l’époque. C’est pourquoi l’antichambre arrive après la chambre. Je vous invite à lever les yeux au ciel en entrant. Le plafond à caisson dit « aux planètes », puisqu’y sont représentées des allégories des planètes du système solaire, est magnifique. Il était à l’origine dans la chambre d’Henri II. Les tapisseries des Gobelins du 17e siècle représentent la vie d’Alexandre le Grand. C’est une pièce encore une fois très chargée mais richement meublée et transformée par les différents résidents du château, notamment par Napoléon III et Eugénie qui en font un salon de réception.

Je vous invite maintenant à traverser le salon des Officiers. Avec l’antichambre attenante que nous allons visiter ensuite, il composait l’ancienne salle des Gardes d’Anne d’Autriche. Cette pièce devient salle de billard sous Louis-Philippe.

L’antichambre dans laquelle nous pénétrons maintenant date du 19e siècle mais elle a été réalisée dans un style néo-Louis XIII sous Louis-Philippe. Napoléon III et Eugénie la décore dans ce sens avec des meubles, un plafond à caisson et une porte en bois sculpté. Le mur est entoilé de cuir estampé, c’est-à-dire imprimé. Ajoutez à cela le luminaire argenté et vous aurez une atmosphère chaude, un peu lourde, mais toujours très étonnante.


Nous arrivons maintenant dans le Vestibule du Fer à Cheval ou Vestibule de la Chapelle. Il dessert la Chapelle de la Trinité et la Galerie François 1er.

Nous irons dans la Galerie François 1er dans le prochain article. Rendons-nous pour le moment dans la Chapelle de la Trinité. Elle est voulue par François 1er au 16e siècle et achevée par Louis XIII au début du 17e. Elle est impressionnante avec ses peintures de Martin Fréminet et son pavement de marbre coloré. A l’étage, par lequel on arrive, se trouve le balcon réservé aux rois et reines. C’est dans cette Chapelle que Louis XV épousera la future Reine de France, Marie Leszczynska le 5 septembre 1725. C’est aussi ici que sera baptisé Louis-Napoléon, futur Napoléon III, le 4 novembre 1810 sous l’œil impérial de son oncle Napoléon 1er. Enfin, Louis-Philippe 1er y mariera son fils Ferdinand-Philippe d’Orléans le 30 mai 1837. Malheureusement, actuellement la chapelle est en partie en travaux à cause de l’incendie qui s’est produit en juin 2017. On ne peut donc pas y entrer, mais j’avais pu y aller il y a quelques années et c’est un vrai chef-d’œuvre.

Je vous laisse ici pour cette première partie consacrée au parcours de visite général du château. Je vous donne rendez-vous dans un second podcast pour continuer et découvrir les Grands Appartements des souverains de Fontainebleau ainsi que l’Appartement intérieur de l’Empereur.

Mon avis sur cette visite

La visite guidée « découverte du Château », que je n’ai pas encore finie dans ce podcast, est intéressante car on y détaille des éléments ou des anecdotes que l’on ne peut retrouver lors de la visite libre. C’est d’autant plus vrai pour ce qui concerne les Grands Appartements.

J’y mettrai un bémol quand même. J’aurais apprécié un vrai tour du château avec une vision plus globale de son histoire. Ici, on est plus sur des focus sur des pièces, des événements ou des personnalités résidentes au château mais ce n’est pas suffisant. Elle ne peut se soustraire à la visite publique (ce que je pensais en réalité).

Informations pratiques

Le Château de Fontainebleau est très accessible en voiture comme en train, notamment depuis Paris. La Gare de Fontainebleau-Avon se trouve à environ 45 minutes de Paris Gare de Lyon. Une fois arrivé, il vous suffit de prendre le bus qui mène tout droit au Château en 10 minutes.

Pour retrouver l’histoire du château mais aussi toutes les informations pratiques concernant les visites guidées ou non proposées à Fontainebleau, rendez-vous sur le site officiel très bien fait :

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