Du 14 novembre au 17 mars 2024, le château de Versailles rend hommage au peintre Horace Vernet (1789-1863), artiste aux multiples talents qui, tout au long du 19e siècle, a su marquer ses contemporains par sa diversité de styles et une production foisonnante. Adaptant son esthétisme aux goûts et messages portés par les régimes politiques successifs qui vont gouverner la France post-révolutionnaire, il sera de toutes les époques de ce siècle marqué par le changement:
Du Premier Empire de Napoléon 1er (1804-1815), où il se fait repérer par l’empereur et sa famille, au Second Empire (1852-1870), où une rétrospective lui est consacrée, et où il est fait Grand Officier de la Légion d’Honneur par Napoléon III avant de mourir en 1863; en passant par la Restauration (1815-30), mais surtout la Monarchie de Juillet (1830-1848) de Louis-Philippe 1er avec lequel Vernet tissera des liens intimes, jusqu’à devenir l’un de ses peintres officiels.
À travers 200 œuvres (tableaux, esquisses, dessins), l’exposition explore les inspirations d’Horace Vernet et ses évolutions artistiques au fil de ses rencontres, ses voyages ou ses affinités politiques. Vernet produit beaucoup, de commandes en créations plus personnelles, dans un style accessible, qui plaît et qui couvre un large panel de genres: portraits, voyages, Histoire, chevaux, chasse, nature…
Né au Louvre quelques semaines avant la Révolution, en 1789, dans une famille d’artistes peintres célèbres, Horace Vernet se fait très vite son propre prénom, et sa réputation grandit vite lorsque Napoléon 1er le remarque et lui passe commande. Bonapartiste convaincu, Vernet va cependant s’adapter aux changements politiques et collaborer avec les figures de la Restauration, jusqu’au roi Charles X. Dans les années 1820, après la fin du Premier Empire et en plein règne de Louis XVIII, il suit le mouvement romantique avec son ami Théodore Géricault, peignant paysages (notamment anglais), chevaux, ou encore la mise en scène de héros de la littérature romantique, en particulier anglaise... mais aussi des événements (batailles, exil) à la gloire de Napoléon, qui vient de mourir à Sainte-Hélène le 5 mai 1821.
Vernet sait qu’il doit être prudent, car les rois , Louis XVIII puis Charles X qui se succèdent sur le trône sont de fervents opposants à l’ex-empereur. Le peintre va alors la jouer fine en adaptant son art au contexte de la Restauration avec des tableaux représentant des épisodes ou des portraits valorisant les souverains. Mais, jouant toujours sur plusieurs tableaux à la fois, c’est aussi à cette époque qu’il se rapproche du duc d’Orléans, Louis-Philippe, futur roi des Français. On commence même à lui attribuer l’étiquette de peintre du parti libéral d’opposition.
Ainsi, lorsque la révolution de Juillet 1830 pousse Charles X à abdiquer et porte son cousin Louis-Philippe à la tête de la France, Horace Vernet devient l’un des peintres officiels de la toute nouvelle Monarchie de Juillet. Réputé pour peindre vite et efficacement, il est mandaté par le roi pour réaliser plusieurs des grandes toiles qui orneront les galeries historiques du musée de l’Histoire de France qu’il est en train de construire dans les anciens appartements du château de Versailles. Une peinture d’histoire que Vernet connaît et pratique déjà, depuis qu’il a découvert les chefs-d’œuvre classiques italiens à Rome, où il a travaillé entre 1829 et 1834, à la Villa Médicis, comme directeur de l’Académie de France.
En 1833, Horace Vernet effectue plusieurs voyages en Afrique du Nord, et notamment en Algérie qui initient sa période orientaliste. Il peint des paysages, des portraits d’hommes et de femmes, et diverses scènes de vie, comme des scènes de chasse. Séduit par ce qu’il a vu, il se fait même aménager une petite pièce de style oriental en haut d’une tour de la Villa Médicis, la «chambre Turque». Sa connaissance des paysages d’Afrique du Nord, convainc Louis-Philippe de lui confier la réalisation des peintures qui doivent orner les murs des salles d’Afrique de son musée du château de Versailles. Neufs tableaux de grands -voire très grands- formats, peints à partir de 1837, vont être installés dans les salles dites de Constantine, de la Smala et du Maroc. Il s’agit notamment pour le souverain de représenter des scènes de la conquête de l’Algérie dans laquelle ses fils se sont illustrés. L’exposition permet de découvrir ces superbes salles habituellement fermées au public, mais aussi une reconstitution de la chambre Turque et le tableau «La prise de Tanger», resté inachevé et présenté ici pour la première fois.
Lorsqu’une nouvelle révolution renverse Louis-Philippe en 1848 et mène au pouvoir Louis-Napoléon Bonaparte, neveu de Napoléon 1er et futur Napoléon III, Horace Vernet suit de nouveau le mouvement en soutenant les contestataires puis le nouveau régime impérial. Toujours soutenu par le pouvoir en place, il est mis à l’honneur lors d’une rétrospective consacrée à son travail pendant l’Exposition Universelle de 1955 à Paris.
Horace Vernet, dont le talent sera autant admiré que critiqué, meurt le 17 janvier 1863.
L’exposition présentée au château de Versailles permet de mieux connaître l’homme, l’artiste, ses influences et sa diversité de styles et de talents.
INFORMATIONS PRATIQUES
L’exposition dédiée à Horace Vernet est accessible tous les jours (sauf le mardi) de 9h à 17h30, sur présentation du billet d’entrée au château.
Tous les détails sur le site du château de Versailles.
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