Suivez-moi à la découverte d'une rue privée cachée au cœur de la capitale: la Cité des Fleurs à Paris. Niché au cœur du quartier des Epinettes, dans le nord du 17e arrondissement de Paris, cet ensemble charmant de petits immeubles et d‘hôtels particuliers vaut le détour!
Longue de 320 mètres, la Cité des Fleurs commence au niveau du 154 de l’avenue de Clichy qu’elle relie à la rue de la Jonquière. Un lieu insolite à découvrir !
Si la Cité des Fleurs porte ce nom, c’est en raison des jardins qui la bordent. Mais pourquoi une cité privée ici ?
Tout commence en 1846 lorsqu’Ernest Goüin fonde son entreprise spécialisée dans la fabrication de locomotives dans le village des Batignolles au nord de Paris.
Pour rappel, les communes proches de Paris ne seront rattachées à la capitale qu’en 1860. C’est le cas par exemple pour la commune de Montmartre et ici, pour le village des Batignolles. Donc dans cette deuxième moitié du 19e siècle, il faut s’imaginer qu’ici on est encore à la campagne.
L'entreprise d'Ernest Goüin fonctionne bien et elle emploie rapidement 2 000 personnes. Pour loger une partie des employés, il décide de construire la Cité des Fleurs à proximité de son usine en 1847, et fait appel pour cela aux architectes Jean-Edmé Lhenry et Adolphe Bacqueville de la Vasserie.
Pour garantir l’harmonisation des maisons et des hôtels particuliers, une convention (toujours d'actualité pour les habitants de la rue) est mise ne place pour régir les constructions et la vie en communauté: l'alignement des façades, le nombre d'étages ou la hauteur des murs… mais aussi les cours et les jardins -disposition, obligation de planter des arbres; le fait que les murets doivent être surmontés de grilles de clôture entre des piliers de pierre qui doivent obligatoirement présenter un vase Médicis identique pour tous etc...
Aujourd’hui, il faut un certain revenu pour s’offrir une résidence dans la Cité des Fleurs.
Mais au 19e siècle, c’est un lieu de mixité sociale: les ouvriers sont logés dans le grand pavillon conçu par l’entreprise Goüin pour héberger son personnel, tandis que les ingénieurs ferroviaires habitent les hôtels particuliers. Tous vivent ensemble et partagent des services comme par exemple une crèche commune pour leurs enfants, ou encore l’église Saint-Joseph-des-Epinettes, édifiée en 1909-1910 au n°59 en même temps qu'un presbytère. Les deux institutions sont toujours visibles et actives aujourd'hui.
Depuis la création de ce petit village privé, de nombreuses personnalités ont habité cette calme cité parisienne qui fleure bon la campagne. C’est par exemple dans l’une des cliniques de la rue que sont nées Catherine Deneuve (1943) et sa sœur Françoise Dorléac (1942).
Au n°25, une plaque rappelle qu’ici le Mouvement de Libération Nationale produisait de faux papiers pour les Résistants lors de la second Guerre Mondiale. Malheureusement, les membres seront arrêtés par la Gestapo le 18 mai 1944.
Au n°27 se trouve la maison du peintre impressionniste Alfred Sisley qui s’installe ici en 1860.
De même, l’artiste peintre et illustrateur Lucien Fontanarosa (1912-1975) et sa femme Annette Faive (1911-1988), peintre également, habiteront au n°32.
Pour finir sur une note plus ludique, sachez que c’est dans la Cité des Fleurs qu’a été tournée la série française Une Famille Formidable avec Annie Duperey.
J'espère que maintenant vous penserez à arpenter cette petite rue méconnue quand vous passerez dans le quartier. Car si c’est une rue privée, elle reste accessible au public de 7h à 19h du lundi au samedi, et de 7h à 13h le dimanche et les jours fériés.
Et pour s’y rendre, rien de plus simple. La Cité des Fleurs est accessible par le métro Brochant sur la ligne 13, le métro Pont Cardinet sur la ligne 14 et les bus 31, 54 et 74.
Enfin, n’hésitez pas à partager cet article et à écouter la capsule sonore qui l'accompagne.
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