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Photo du rédacteurIgor Robinet-Slansky

LA CONCIERGERIE À PARIS - PARTIE II : VISITE GUIDÉE

Dernière mise à jour : 11 avr. 2023


Après un 1er article et un 1er podcast où je vous racontais l’histoire du Palais de la Cité et de la Conciergerie, au cœur de Paris, je voulais aujourd’hui entrer avec vous dans ce Palais, ce lieu emblématique du Paris médiéval. Suivez-moi à la découverte d'un monument que tous ceux qui sont déjà venus à Paris ont pu admirer, mais que peu, finalement, connaissent réellement.


La Conciergerie, c’est pour moi un édifice incontournable qui m’a marqué et impressionné dès mes premières visites parisiennes avec cette façade médiévale imposante qui longe la Seine. Là où elle me surprend le plus c’est le soir, l’été notamment, quand elle s’éclaire et qu’elle se reflète dans la Seine. Elle symbolise une partie de ce Paris by night féérique tant décrit par les touristes qui s’émerveillent devant les monuments de la Ville Lumière.


A travers ce 2nd article, accompagné comme toujours d’un podcast à retrouver sur mon blog ou sur les plateformes de podcastings habituelles, je vous emmène en visite guidée dans ce monument qui, de demeure royale du 6e siècle à la fin du 14e siècle, va petit à petit incarner le pouvoir monarchique centralisé au cœur de la Capitale du royaume de France : Paris.

Un Palais qui sera délaissé comme résidence principale des rois à la fin du 14e siècle, mais qui restera le siège du Parlement de Paris et de l’administration du Royaume. Le pouvoir judiciaire s’y impose et de palais royal la Conciergerie devient en partie prison. Si elle ne possède plus de prison depuis 1934, elle héberge aujourd’hui encore le Palais de Justice, même si une partie des effectifs et des fonctions judiciaires, comme le Tribunal de Grande Instance, ont migré en 2018 vers le 17ème arrondissement de Paris.


Sans plus attendre, embarquez avec moi à la découverte de ce Palais célèbre et important de notre histoire, bien que souvent trop méconnu.


La Conciergerie : visite guidée


Vous allez le voir, la visite de la Conciergerie est assez courte finalement.

Elle se compose des salles médiévales et des salles révolutionnaires avec notamment la reconstitution de cellules de la prison d’alors et le musée de la Révolution, et enfin la chapelle expiatoire en souvenir de Marie-Antoinette. Je ne m’attarderai pas ici sur le musée de la Révolution qu’il faut visiter, je le conseille, mais qui peut difficilement se raconter rapidement.


Commençons par les extérieurs de ce bâtiment qui surplombe la Seine, à l’extrémité ouest de l’Île de la Cité. Pour ma visite, je suis arrivé par les quais de Seine, rive droite, donc en face de la Conciergerie. Je le conseille car avant d’entrer dans ce monument, je trouve important de prendre du recul et de l’observer dans son ensemble.


Depuis la rive droite, on observe ainsi sa façade nord la plus reconnaissable. Elle a été unifiée au 19e siècle dans un style néo-gothique. On remarque tout de suite les quatre tours médiévales qui s’y alignent entre la Cour de Cassation à l’ouest (à droite donc lorsqu’on regarde le bâtiment) et le boulevard du Palais à l’est.

D’ouest en est (ou de droite à gauche, comme vous préférez), vous avez :

  • La Tour Bonbec, à l’architecture circulaire, agrémentée de créneaux. C’est la plus ancienne puisqu’elle est construite au 13e siècle sous Louis IX, dit Saint-Louis. A l’époque, sur sa droite, se trouvait une grande salle d’assemblée dite « sur l’eau » puisqu’elle donne sur la Seine. Cette tour a été surélevée au 19e siècle, sous le Second Empire lorsque la façade est restaurée.

  • Les tours jumelles en forme de cylindre, couvertes d’un toit conique en ardoise : ce sont les plus connues. Elles ont été construites au début du 14e siècle sous le règne de Philippe le Bel (1285-1314). Pendant la période du Tribunal Révolutionnaire, elles servent de bureau et de logis pour l’accusateur public Antoine Fouquier-Tinville. Elles ont chacune un nom : la tour d’Argent d’abord, où se trouvait une partie du trésor royal, et la tour César, appelée ainsi en souvenir de l’enceinte gallo-romaine sur laquelle repose le palais.

  • La Tour carrée dite de l’Horloge : cette tour de guet, carrée donc, est édifiée en 1350 par le roi Jean II le Bon (1350-1364). Elle est couronnée d’un chemin de ronde et d’un lanternon. En 1371, Charles V (1364-1380) fait placer la première horloge publique de Paris. Cette horloge, créée par Henri de Vic, sera agrémentée d’un nouveau cadran reprenant les figures de la loi et de la justice réalisé par le sculpteur Germain Pilon sous le règne d’Henri III (1575-1589). Je vous invite à prendre le temps d’observer cette horloge qui se trouve sur la façade ouest du Palais, à l’angle de la Tour de l’Horloge. Elle a été rénovée en 2012, et elle est vraiment exceptionnelle.

Point anecdote ! Pourquoi la Tour Bonbec s’appelle ainsi ?

C’est au 15e siècle que cette Tour prend le nom de Tour Bonbec. Alors rien à voir avec les bonbons ou quelques sympathiques baisers québécois. En réalité, dans cette tour, les prisonniers subissaient ce qu’on appelait « la question », c’est-à-dire un interrogatoire sous torture. Lorsque le supplice les rendait «bavards» et qu’ils parlaient, on disait qu’ils avaient «bon bec». Rapidement, elle est devenue la Tour Bonbec.


Les façades ouest et est ont aussi beaucoup changé au cour de l’histoire, suivant les choix des résidents du palais, ses évolutions fonctionnelles, ses destructions ou incendies (comme en 1618, en 1776, ou plus récemment lorsque la Commune incendie le Palais le 24 mai 1871). La façade orientale est modifiée par l’architecte Antoine Marie Peyre sous la Restauration pour y créer une nouvelle entrée pour la prison. La façade ouest est édifiée dans un style néo-classique sous le Second Empire par les architectes Duc et Dommey.


Je vous propose sans plus attendre d’entrer dans la Conciergerie et de commencer la visite.

Nous arrivons par une petite entrée dans la façade ouest du bâtiment et pénétrons directement dans la première, et la plus impressionnante, des salles médiévales que l’on peut voir aujourd’hui : la salle des Gens d’Armes.


Je vous rappelle que nous ne visiteront que les parties basses de la Conciergerie qui sont les derniers vestiges, avec la Sainte-Chapelle, du Palais royal médiéval. Ces espaces servaient à la garde du roi et au personnel : clercs, officiers, domestiques… Au total, quelques 2 000 personnes vivaient au service de la famille royale.


La salle des Gens d’Armes mesure plus de 61 mètres de long et 27 mètres de large. C’est la plus vaste salle civile gothique visible en Europe. Et je dois dire qu’on ressent une certaine émotion car il est finalement plus rare à Paris de visiter des lieux directement issus du Moyen-Âge. Dès l’arrivée dans cette salle, on se plonge facilement dans cette époque, et on imagine bien les 2000 personnes travaillant et s’affairant ici.

Construite à partir de 1302 par Philippe le Bel, cette salle était utilisée comme réfectoire pour les serviteurs et gens d’armes du roi. Vous noterez que de Gens d’Armes, on est passé aujourd’hui à « gendarmes » et que c’est bien là l’origine du mot. Vue les dimensions de la pièce, on imagine que cette salle devait être très bruyante lorsque tout ce petit monde circulait, parlait ou mangeait.


La salle des Gens d’Armes est composée de quatre nefs d’une hauteur de 8,5 mètres avec des voûtes gothiques sur croisées d’ogives. De grandes fenêtres existaient alors mais elles ont été rebouchées depuis. On peut cependant en voir quelques traces sur les murs sud, à gauche en entrant. Quatre grandes cheminées toujours visibles aujourd’hui chauffaient cette pièce surdimensionnée.

Point architecture ! Qu’appelle-t-on une croisée d’ogives ?

Une croisée d’ogives est un système de voûtement qui se base sur le croisement de deux arcs brisés, maintenus en leur centre par une clef de voûte. Cette technique s’est généralisée à l’époque gothique et a permis de réalisée les grandes cathédrales que l’on connait car en répartissant mieux le poids des murs et plafonds, elle permettait de créer sans danger des volumes plus spacieux, de plus grandes ouvertures pour les fenêtres ou les vitraux, et des hauteurs sous plafond vertigineuses. La Sainte Chapelle en est un bel exemple d’ailleurs.


Cette salle servait de sous-bassement à la Grand’Salle située à l’étage qui accueillait la Cour, les visiteurs du roi et servait pour les réceptions. Cette Grand’Salle d’apparat n’existe plus, mais on peut observer dans la salle des Gens d’Armes, sur la droite en arrivant, les vestiges d’un des escaliers à vis qui joignaient les deux étages. On peut aussi voir un fragment d’une table royale en marbre noir qui servait pour les grandes réceptions royales.

Pour finir sur la salle des Gens d’Armes, rendons-nous tout au fond. On arrive sur une partie plus haute. En réalité, vers 1364, alors que Charles V le Sage monte sur le trône et quitte le palais pour le Louvre, des travaux sont réalisés pour permettre de relier la salle des Gens d'Armes à la toute nouvelle prison. Le fond de la vaste salle est surélevé. Ce couloir qui relie les espaces carcéraux est rapidement surnommé la «rue de Paris», en référence au surnom qu’on donnait au bourreau : «Monsieur de Paris».


De la salle des Gens d’Armes, pénétrons maintenant dans le pavillon des cuisines «du commun». A l’époque, elles étaient séparées du reste du bâtiment pour éviter les risques d’incendie. Aujourd’hui, on y accède depuis un escalier créé au 19e siècle dans un style Renaissance.


Ce pavillon a été édifié en 1350 sous le règne de Jean le Bon (1350-1364) pour accueillir les cuisines qui servaient à préparer les repas du personnel du roi. Les repas du roi étaient préparés dans une cuisine « de bouche », située à l’est du palais. Mais lors des grands banquets, les deux cuisines travaillaient ensemble.

Des quatre immenses cheminées qui fonctionnaient à l’époque, il n’en reste plus que deux. J’avoue avoir été impressionné par la taille de ces cheminées ! On peut y entrer à 10 personnes sans problème. On s’imagine bien ici les marmites mijoter et les broches tourner pour satisfaire les 1000 à 2000 personnes qui mangeaient là quotidiennement.

Quittons les cuisines « du commun », et rejoignons, par la salle des Gens d’Armes, la salle des Gardes qui se situe au fond à droite. Elle a été édifiée au début du 14e siècle par Philippe le Bel. Elle se tient entre les tours d’Argent et de César (les tours les plus connues que l'on voit sur la façade côté Seine). Au départ, elle servait pour la garde royale, avant de devenir l’antichambre de la Grand’Chambre qui se trouvait à l’étage au-dessus et où siégeait le Parlement sous l’Ancien Régime. Jusqu’en 1790, le Parlement de Paris rend la justice au nom du roi. Il joue le rôle de tribunal d’appel pour toutes les juridictions du royaume, et enregistre les ordonnances royales (les textes de loi).


En 1364, lorsque Charles V quitte son Palais de la Cité, la salle des gardes est transformée en cachot. A la Révolution, le Tribunal Révolutionnaire se tiendra dans la Grand’Chambre et la salle des gardes accueillera de nouveaux cachots pour les traitres à la Liberté. Cette salle est donc très importante pour notre Histoire. De nombreux procès importants ce sont organisés ici.


Nous quittons maintenant les salles médiévales de la Conciergerie pour nous rendre dans la partie carcérale, grandement dédiée à la Révolution Française.


D’un point de vue architectural, les deux premières salles de ce parcours consacré à la Révolution n’existaient pas à l’époque. Elles se trouvent sur l’emplacement d’anciens couloirs et d’anciennes cellules, dont une partie de celle de Marie-Antoinette.


Le Musée de la Révolution commence avec la salle « la Révolution Française et Paris ». Ici, on y raconte l’histoire de la Révolution, le contexte dans lequel elle prend forme, et le rôle de Paris durant cette période. Entre 1789 et 1799, la France plonge dans une révolution qui entraîne la chute de la monarchie et la fondation de la Première République en 1792. La société est transformée en profondeur et on change la manière de penser la place de l’Homme dans le monde à travers les nouveaux courants issus des Lumières. Lieu central du pouvoir, Paris et sa population engagée joueront un rôle central dans les événements révolutionnaires.


Une deuxième salle, « la Révolution et la Conciergerie », présente le rôle du Palais de la Cité et de la Conciergerie avant et pendant la Révolution. Alors que la France entre en guerre civile mais aussi en guerre contre les nations européennes qui veulent entre autre défendre la monarchie française, le Palais de la Cité est l’un des centres de la vie politique de Paris. Sa partie carcérale, la Conciergerie, remplit ses cellules de suspects accusés de menacer la République et la Liberté. Pendant la Terreur, de 1793 à 1795, on dénombre plus de 600 hommes et femmes incarcérés.

Nous passons maintenant par le « Couloir des Prisonniers ». C’est un passage intéressant car on y apprend le fonctionnement de la prison sous la révolution. Trois pièces ont été reconstituées :

  • À gauche en entrant, le guichet du greffier, chargé d’enregistrer les détenus.

  • Au centre, le bureau du Concierge, le directeur de la prison.

  • A droite, la salle de la Toilette où les cheveux des condamnés étaient coupés avant leur exécution par décapitation sur la place de la Révolution (ancienne place Louis XV, puis future place de la Concorde) où se trouvait la guillotine.

Au bout du couloir, nous empruntons un escalier pour gagner le 1er étage. Nous arrivons dans ce qu’on appelle « la salle des Noms » créée en 1989 pour le bicentenaire de la Révolution. On y retrouve au mur plus de 4 000 noms des personnes jugées par le Tribunal Révolutionnaire entre 1793 et 1795. Elles peuvent avoir été condamnées, exécutées ou acquittées, mais elles sont passées par la Conciergerie. Ici, je vous invite à utiliser l’outil multimédia qui vous permet de voir si un de vos ancêtres ou quelqu’un du même nom que vous) est passé par le Tribunal Révolutionnaire. Pour ma part, j’ai trouvé une personne du même nom que moi qui avait heureusement été acquittée.


Nous sortons de la salle des noms et nous nous retrouvons maintenant dans le couloir des cellules du premier étage. Trois cellules sont reproduites. On imagine la dureté des conditions d’incarcération et la promiscuité des prisonniers entassés dans des espaces sombres, humides (on est proche de la Seine) et exigus.

Point anecdote ! Saviez-vous que les conditions de détentions dépendaient de votre statut ?

Les « pailleux », les prisonniers les plus pauvres, dormaient dans des cellules collectives à même le sol sur de la paille, sans lumière, tandis que d’autres plus riches financièrement, pouvaient bénéficier d’un certain confort relatif avec des lits rabattables et des cellules d’une ou deux personnes.


Après avoir traversé le couloir, quatre salles vont se succéder. Elles ont pour intitulé «la révolution et la justice». Elles retracent les évolutions de la justice pendant la Révolution. Dès 1789, il faut savoir que les révolutionnaires réforment cette justice. Contrairement à celle d’Ancien Régime, ils veulent la rendre plus égalitaire et humaine.


Cependant, en 1793, les menaces intérieures (guerre civile entre révolutionnaires et contre-révolutionnaires) et extérieures (coalition des nations européennes pour envahir la France et rétablir la monarchie) conduisent les révolutionnaires à installer une Dictature de Salut Public. Il s’agit d’une dictature qui doit être provisoire et qui est exercée collectivement pour sauver la jeune république. C’est le début de la Terreur avec l’instauration d’une «justice d’exception», c’est-à-dire une justice dérogatoire au droit commun, afin de juger les actes de ceux qui menacent la République. L’outil principal de cette justice d’exception est le Tribunal Révolutionnaire situé dans le Palais de la Cité, au-dessus de la Conciergerie. Des procès importants se tiennent ici, comme le 17 juillet 1793 avec celui de Charlotte Corday, meurtrière du journaliste Jean-Paul Marat, ou bien sûr celui de Marie-Antoinette les 14 et 15 octobre 1793 qui la mènera à l’échafaud le 16 au matin.


A l’été 1794, les Français s’insurgent de plus en plus contre ce régime de Terreur. Robespierre, qui incarne la Dictature de Salut Public, et Antoine Fouquier-Tinville, l’accusateur public qui gère les procès, sont guillotinés. La Terreur s’arrête quelques mois plus tard, et on revient à une justice ordinaire. Il faut maintenant terminer la Révolution. Le 22 août 1795, une nouvelle Constitution est votée.


Point histoire ! les régimes qui succèdent à la Révolution et à la Première République :

  • Le Directoire (1795-1799) : le 26 octobre 1795, la Convention Nationale qui avait rédigé la première constitution républicaine en 1792 et qui dirigeait, est remplacée par le Directoire, qui met à la tête du pays Cinq Directeurs, ou chefs de gouvernement.

  • Le Consulat s’impose à partir du 10 novembre 1799 suite au coup d’état du 18 brumaire de l’an VIII (i.e. le 9 novembre 1799 : je rappelle qu’avec la 1ère République on a délaissé le calendrier grégorien pour le calendrier révolutionnaire). Le général Napoléon Bonaparte en est l’un des principaux protagonistes. Il devient Premier Consul et le reste jusqu’à la proclamation du 1er Empire le 18 mai 1804.

  • Le 1er Empire, dirigé par Napoléon 1er, Empereur des Français de 1804 à 1815.

  • La Restauration. Deux Rois de France vont revenir sur le trône : les frères de Louis XVI, Louis XVIII (1814/15-1824) et Charles X (1824-1830). Cette période est appelée la «Restauration» puisque c’est un retour à la dynastie des Bourbon de l’Ancien Régime.

  • La Monarchie de Juillet : Louis-Philippe d’Orléans devient le Roi Louis-Philippe1er après une nouvelle Révolution de 3 jours qu’on appelle les « trois glorieuses » et qui met fin au règne de Charles X qui doit abdiquer. Si vous connaissez Paris, c’est en l’honneur de ces journées des 29/30 et 31 juillet 1830 que la colonne de la Bastille est dressée. Louis-Philippe, duc d’Orléans, accède donc au pouvoir. Il fait partie de la branche cousine des Bourbons. Louis-Philippe est un partisan de la Révolution française comme son père le duc d'Orléans, dit Philippe Egalité, qui vote la mort de son cousin Louis XVI lors du célèbre procès qui mènera le Roi sur l’échafaud le 16 janvier 1793. La Monarchie de Juillet dure de 1830 à 1848. Louis-Philippe se fera appeler Roi des Français et non plus Roi de France, pour montrer une certaine inclinaison face au peuple français, et une rupture par rapport à l’Ancien Régime.

  • La deuxième République : elle est proclamée en février 1848 après quelques jours d’une 3ème Révolution qui fait se soulever les libéraux et les républicains. Louis-Napoléon Bonaparte, le neveu de Napoléon 1er, est élu Président de la République.

  • Le Second Empire : Celui qu’on appelle le « Prince-Président » va restaurer l’Empire après un coup d’état le 2 décembre 1851. Le Second Empire est proclamé en 1852 et Louis-Napoléon devient Napoléon III jusqu’au 4 septembre 1870.

  • La troisième République : après la défaite de la France lors de la guerre menée par Napoléon III contre la Prusse en 1870, c’est la chute du Second Empire. A Paris, un groupe de Républicains mené par Gambetta proclame la République le 4 septembre 1870.

Revenons à la visite de la Conciergerie. Nous pénétrons maintenant dans la chapelle. Elle est située à l’endroit de l’ancien oratoire du roi, c’est-à-dire son lieu de prière, lorsque le Palais de la Cité était résidence royale. Par la suite, cette chapelle servait à l’office des prisonniers, et parfois de cellule collective pendant la Révolution.

Mais ce qui interpelle le plus, et qui m’a particulièrement marqué, c’est la chapelle expiatoire que l’on trouve derrière l’autel de cette chapelle des prisonniers. A la Restauration, alors que Louis XVIII, frère de Louis XVI, monte sur le trône en 1815, il décide d’aménager une petite chapelle en mémoire de Marie-Antoinette qui a été incarcérée puis jugée à la Conciergerie. Elle est construite par l’architecte Antoine Marie Peyre à l’emplacement même où se situait la cellule de la reine déchue.

D’ailleurs, lors de ma première visite de la Conciergerie il y a quelques années, il,existait une réplique de cette cellule. Vous en voyez une photo ici. Elle n’a cependant pas été reconstruite lors des dernières restaurations.


Une chose est sûre, cette chapelle commémorative est un endroit qui inspire le recueillement, que l’on porte Marie-Antoinette dans son cœur ou non. En réalité, c’est pour moi l’une des pièces centrales de la visite. Elle est emplie d’émotion. Une émotion qu’on ressent à travers le faux marbre noir des murs parsemés de larmes argentées, mais aussi à travers la seule source de lumière de cet espace exigu : un vitrail aux initiales « M.A. ».

Sur les murs, on peut aussi observer deux stèles en mémoire de Louis XVI et de sa sœur Madame Elisabeth, tous deux guillotinés à la Révolution et qui étaient incarcérés à la prison du Temple avec Marie-Antoinette et ses deux enfants. Au fond de la chapelle expiatoire, le «testament de Marie-Antoinette» est gravé sur une plaque de marbre. Il s’agit en fait de sa dernière lettre qu’elle écrit le 16 octobre à 4h30 du matin à sa belle-sœur et où elle dit adieu à ses enfants et pardonne à ses bourreaux.


En voici quelques extraits qui sont, selon moi, intéressants et importants :

« Je viens d’être condamnée non pas à une mort honteuse, elle ne l’est que pour les criminels […]

Je suis calme comme on l’est quand la conscience ne reproche rien, j’ai un profond regret d’abandonner mes pauvres enfants ; vous savez que je n’existais que pour eux, et vous, ma bonne et tendre Sœur […].

Que mon fils n’oublie jamais les derniers mots de son père, que je lui répète expressément : qu’il ne cherche jamais à venger notre mort. [..]

Je pardonne à tous mes ennemis le mal qu’ils m’ont fait. Je dis ici adieu à mes tantes et à tous mes frères et sœurs. J’avais des amis, l’idée d’en être séparée pour jamais et leurs peines sont un des plus grands regrets que j’emporte en mourant, qu’ils sachent, du moins, que jusqu’à mon dernier moment, j’ai pensé à eux. Adieu, ma bonne et tendre Sœur ; puisse cette lettre vous arriver ! pensez toujours à moi ; je vous embrasse de tout mon cœur, ainsi que ces pauvres et chers enfants; mon Dieu ! qu’il est déchirant de les quitter pour toujours. Adieu, adieu ! »


Plusieurs tableaux ont été commandés et accrochés dans cette chapelle commémorative, mais aussi dans la chapelle des prisonniers. Parmi eux le célèbre tableau « Marie-Antoinette sortant de la Conciergerie le 16 octobre 1793 » de Georges Cain (1856-1919). On trouve aussi des objets ayant appartenus à la Reine, comme une de ses chemises, un soulier ou encore ses aiguilles à tricoter.

Une fois que vous aurez bien observé les objets et espaces de la chapelle, je vous invite à poursuivre par la Cour des Femmes. C’est un des espaces qui a le moins changé par rapport à son état lors de la Révolution. On y observe encore les arbres du petit jardin, la fontaine et la table en pierre d’époque. Cette cour était entourée par deux étages de cachots réservés aux femmes. De la même façon que chez les hommes, les plus aisées était à l’étage le plus haut, et les plus pauvres, « les pailleuses », au niveau le plus bas.

Ainsi s’achève la visite de la Conciergerie, ce Palais médiéval devenu prison révolutionnaire et le lieu d’événements incontournables de notre histoire. Pour le compléter et si ce n’est déjà fait, je vous invite à lire l’article (et/ou écouter le podcast qui l’accompagne) dédié à l’Histoire de ce lieu parisien célèbre mais souvent bien méconnu.


Rendez-vous pour découvrir d’autres lieux d’histoire et de culture très prochainement.

D’ici là, n’hésitez pas à consulter mon blog et mes comptes Facebook et Instagram pour suivre mes actualités à travers mes photos et diverses anecdotes historiques.


Mon avis sur cette visite


La Conciergerie est un incontournable pour les amateurs d’Histoire de France mais aussi pour ceux qui veulent mieux connaitre Paris.


Je recommande de faire cette visite qui n’est pas très longue au final mais qui permet de comprendre le rôle et le fonctionnement d’un palais royal médiéval, mais aussi l’histoire et l’évolution de notre justice. Je vous invite d’ailleurs à louer les HistoPad à l’entrée. Ils permettent de visiter les lieux en version augmentée. Vous pouvez ainsi voir les salles médiévales dans leur état d’époque.


D’ailleurs, n’hésitez pas à vous rendre sur le site de la Conciergerie où vous pourrez faire une visite virtuelle du Palais.


A travers le musée de la révolution qui est très bien fait, la visite de la Conciergerie permet aussi de mieux connaître la période de la Révolution Française, fondatrice de notre République.


C’est enfin un lieu marqué par le procès et l’incarcération de Marie-Antoinette, et pour moi qui suis particulièrement attaché à l’histoire de cette dernière Reine de France, c’est un lieu important.


Je regrette à ce propos qu’ils aient enlevé la reconstitution de la cellule de Marie-Antoinette. Elle était certes un peu vieillotte, mais elle aurait pu être rénovée car c’est toujours très parlant de voir physiquement ce genre de lieux.

Informations pratiques


La Conciergerie est au cœur de Paris. Accessible via le métro (par les stations Pont Neuf, Châtelet ou Cité), ou par bus. Tous les détails pratique sur le site de la Conciergerie.


Entre autres sources qui m’ont beaucoup aidé à écrire cet article après ma visite, je citerai :

  • Les textes du prospectus remis à l’entrée de la Conciergerie qui est concis et assez complet.

  • Le guide de visite « La Conciergerie, Palais de la Cité » aux Éditions du Patrimoine que j’ai acheté à la boutique du monument.

  • « L’Histoire de France » d’Aurélien Fayet aux éditions Eyrolles Pratique qui est un ouvrage que je recommande pour rapidement comprendre les grandes étapes de l’Histoire de France.

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