Pour la Saint-Valentin, célébrons l’amour avec Marie-Antoinette dans son domaine du Petit Trianon où a été élevé, à sa demande, le sublime Temple de l’Amour, un monument des plus romantiques avant l’heure.
Situé à 1,5 km du château de Versailles, le Petit Trianon, a été créé entre 1761 et 1768 pour Madame de Pompadour (1721-64), favorite de Louis XV. Habité par sa dernière maîtresse, Madame du Barry, il est offert en 1774 comme cadeau de mariage par Louis XVI à Marie-Antoinette qui aime vivre ici avec ses proches, loin des contraintes de la cour.
Conçu comme un lieu de villégiature plus paisible que le palais, le Petit Trianon est immergé dans la nature. Autour de l’édifice, plusieurs jardins et espaces se succèdent pour donner au domaine un goût de campagne. A l’arrière du Petit Trianon se trouve ainsi le Jardin Français, réalisé en 1749 pour Louis XV, avec ses bosquets aux tracés tout géométriques. Tout autour du bâtiment et au-delà de la cour d’Honneur et du jardin Français, se trouve le jardin anglo-chinois réalisé par Antoine Richard, Richard Mique et Hubert Robert pour Marie-Antoinette à partir de 1774. Implanté en lieu et place du potager et des serres de Louis XV où étaient cultivés plantes et fruits exotiques, ce jardin d’apparence sauvage est traversé par un ensemble d’allées qui mènent à une rivière et deux lacs artificiels, mais aussi à de petites constructions appelées «fabriques» et qui parsèment le domaine de la Reine, jusqu’à son célèbre hameau.
Parmi ces fabriques, se trouve le superbe Temple de l’Amour. Bâti entre le printemps 1777 et l’été 1778 à la demande de Marie-Antoinette par son architecte Richard Mique, ce temple à l’antique monoptère (il n’a qu’une seule rangée de colonnes) reprend le plan des temples tholos grecs, ces édifices circulaires et voûtés religieux ou funéraires. Sur le socle haut de sept marches, douze colonnes corinthiennes, avec leurs chapiteaux décorés de deux rangées de feuilles d’acanthe, soutiennent la coupole en pierre de Conflans couverte de plomb, lui-même peint en trompe-l’œil pour imiter la pierre blanche. Å l’intérieur de la rotonde, la voûte imaginée par le sculpteur Joseph Deschamps présente un ensemble de caissons sculptés de rosaces et, au centre, un trophée composé de flèches, de carquois, de rubans, de roses et de rameaux d’olivier.
Mais l’élément principal du Temple est l’imposante sculpture d’Edme Bouchardon (1698-1762), «L’Amour taillant son arc dans la masque d’Hercule», qui lui a donné son nom et qui trône au centre, posé sur le sol luxueux de marbre blanc et de rouge du Languedoc. Réalisé en 1750, ce groupe sculpté était destiné au salon d’Hercule du château. Mais à l’époque, l’œuvre fera polémique ! En effet, on y voit l’Amour tailler son arc dans l’épée de Mars pour tuer Hercule. Or, on a l’habitude de comparé le roi à Hercule. Et voir le souverain vaincu par l’Amour rappelle alors à la cour le pouvoir et l’influence de Madame de Pompadour sur Louis XV. La sculpture sera ainsi installée au château de Choisy en 1752 (elle est aujourd’hui visible au Louvre). Marie-Antoinette choisira cependant cette composition pour son temple au centre duquel elle placera une copie réalisée au Louvre par le sculpteur Louis-Philippe Mouchy (1734-1801). La reine, qui pouvait admirer le Temple de l’Amour depuis sa chambre du Petit Trianon, y organisa de nombreuses fêtes, notamment pour son frère l’empereur d’Autriche Joseph II en 1782, ou le roi de Suède Gustave III en 1784.
Parfaitement intégré au paysage, le Temple de l’Amour est un lieu empreint de sérénité niché au cœur d’une nature fleurie.
Pour en savoir plus sur le Petit Trianon et ses jardins, retrouvez la visite que j’en ai fait dans l’article et le podcast disponibles sur mon blog (lescarnetsdigor.fr) et sur les plateformes de podcast (Apple, Google, Spotify, Anchor).
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