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Photo du rédacteurIgor Robinet-Slansky

LES 150 ANS DE LA COMMUNE DE PARIS (18 MARS-28 MAI 1871)

Dernière mise à jour : 14 juin 2021


Il y a 150 ans, le 28 mai 1871, prenait fin la Commune de Paris.

Un épisode insurrectionnel d’abord, politique et sociétal ensuite, qui ne durera que 72 jours mais qui marquera l’histoire de la capitale, et plus largement l’histoire de France.


Tout commence quand la France perd la guerre franco-prussienne de 1870. Cette défaite va précipiter le Second Empire de Napoléon III dans sa chute, et instaurer la 3e république le 4 septembre 1870 sous l’impulsion des Républicains et notamment d’un certain Gambetta.


Mais en réalité, la situation du nouveau régime républicain reste précaire: le nord de la France est envahi par les Prussiens et Paris est rapidement tenu en état de siège. Gambetta, qui est alors ministre de l’Intérieur, va s’enfuir en montgolfière pour gagner Tours puis Bordeaux où le gouvernement est réfugié, et les Parisiens vont se retrouver seuls face aux privations.


La nourriture est rationnée, les queues s’allongent devant les magasins et la famine s’installe. On va abattre des chevaux et même manger du chat, du chien, ou des rats. Sachez qu’on trouve par exemple des boucheries « canines »… ça n'est pas très ragoûtant, mais il faut comprendre que la situation était très critique pour la population. Dans certains restaurants "haut de gamme" on va même jusqu’à servir les animaux de la ménagerie du Jardin des Plantes qu’on va sacrifier comme les chameaux, les antilopes ou même Castor & Pollux, les célèbres éléphants du zoo. Pendant cette période, les maladies vont se développer et la mortalité va doubler.


Finalement, le 18 janvier 1871, l’Allemagne proclame son unité dans la Galeries des Glaces du château de Versailles et le 26 janvier, l’armistice est signé. Des élections sont alors organisées et une majorité de monarchistes, favorable à la paix et à l’armistice, est élue. C’est Adolphe Thiers qui va devenir le chef de ce nouveau gouvernement et donc négocier la paix: Adolphe Thiers est un ancien ministre du roi Louis-Philippe 1er (qui a régné de 1830 à 1848, pendant la Monarchie de Juillet, avant le Second Empire). Au final, la France doit payer l’Allemagne et abandonner l’Alsace et la Lorraine.


Paris et ses 2 millions d’habitants républicains, qui se sont battus et ont souffert du siège de la capitale, refusent la défaite et la paix jugée humiliante. Le 17 mars 1871, le gouvernement qu’on appelle «Versaillais» puisqu’il a quitté Paris pour Versailles face aux tensions parisiennes, va retirer les canons de la Garde Nationale situés dans les hauteurs autour de Paris, comme à Belleville ou encore et surtout sur la Butte Montmartre. Pour les Parisiens, c’est la preuve de l’acceptation des conditions allemandes. Les habitants de plusieurs quartiers, dont les Montmartrois, se sentent désarmées, et le 18 mars, ils vont s’insurger et même tuer un Général « versaillais ».

Cette révolte marque alors le début de l’épisode de la Commune.


Par la suite, le 26 mars 1871, les Parisiens décident de faire sécession et un Conseil de la Commune de Paris est élu pour former un contre-gouvernement composé de républicains et d’ouvriers. Les Communards, comme on les appelle, sont influencés par la 1ère République (qui va de septembre 1792 au Premier Empire en mai 1804), et par les nouvelles idées issues des thèses socialistes et anarchistes. Ils veulent reconquérir la capitale et ils prônent une démocratie directe, où le peuple décide, par opposition au régime représentatif en place, où les élus de l’Assemblée Nationale proposent et votent les lois.


Issue d’un mouvement populaire, la Commune va s’organiser pour améliorer les conditions des prolétaires et gagner en égalité. Les 72 journées de la Commune vont être en effet productives en termes de législation :

  • Démocratie directe avec suffrage universel direct masculin ;

  • Instauration comme sous la Révolution du droit à l’insurrection ;

  • Anticléricalisme et séparation de l’Eglise et de l’Etat ;

  • Ouverture de la nationalité aux étrangers ;

  • Instauration d’un nouveau drapeau rouge ;

  • Annulation ou allongement des délais de paiement des dettes et des loyers ;

  • Création de coopératives et d’entreprises auto-gérées par les ouvriers ;

  • Emancipation des femmes et travail sur l’égalité des salaires ;

  • Réaffirmation de la liberté de la presse...

Mais les choses vont changer quand le 21 mai 1871, le gouvernement Versaillais va décider de reconquérir Paris. C’est le début de ce qu’on appellera après la « Semaine Sanglante » :

20 000 communards sont tués, contre 1 000 soldats versaillais et 500 otages qui sont exécutés par les communards dont beaucoup d’hommes d’église.

Par ailleurs, outre de nombreux immeubles, des monuments emblématiques vont être détruits ou incendiés :

  • le Palais des Tuileries qui était jusque-là la résidence des rois et des empereurs est incendié et en ruines. Il sera définitivement détruit en 1883;

  • Une partie de la Conciergerie est détruite. Elle sera reconstruite ensuite ;

  • La colonne Vendôme va être détruite (elle sera reconstruite). On accusera, à ce propos, le peintre Gustave Courbet qui devra partir en exil en Suisse ;

  • La Bibliothèque impériale au Louvre et ses quelques 200 000 livres et manuscrits seront également détruits ;

  • L’Hôtel de Ville sera incendié puis reconstruit plus tard à l’identique ;

  • Le Palais Royal sera lui aussi endommagé…

Parmi tous ces dégâts, Notre-Dame et le Louvre vont échappent de peu à la destruction.

Plusieurs communards vont alors être condamnés aux travaux forcés ou à la déportation comme l’institutrice Louis Michelle qui part pour la Nouvelle-Calédonie.


Finalement, le gouvernement va reprendre la main et le 28 mai 1871, c’est la fin de la courte période de la Commune de Paris.


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