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Photo du rédacteurIgor Robinet-Slansky

POINT ANECDOTE: LE CRIME DE CHRISTINE DE SUÈDES À FONTAINEBLEAU


Le 18 décembre 1626 naissait à Stockholm la célèbre reine Christine de Suède (r. 1632-1654). Pour l’occasion, je vous propose une anecdote qui la concerne directement et qui se déroule au château de Fontainebleau, en France. Une histoire d’amour, de trahison et de meurtre.


Mais avant ça, revenons à Christine. Peu docile, masculine (elle est élevée comme un garçon) et éprise de liberté, la fille ainée du roi de Suède Gustave II Aldophe refusera toujours de se marier, clamant «qu’il faut plus de courage pour le mariage que pour la guerre», au grand désespoir de son père. Lorsque ce dernier meurt à la guerre en 1632, Christine devient «Roi» de Suède à 6 ans, sous la tutelle du chancelier Axelle Oxenstierna.

Déclarée majeure en 1644, celle qu’on appellera la reine Christine, même si elle préfèrera le titre de «roi», prend le pouvoir de la première puissance d’Europe du Nord. Eduquée (elle parle le français, l’italien, le grec et le latin), passionnée de chasse mais aussi d’art et de lettres (elle invitera René Descartes à Stockholm pour qu’il lui enseigne la philosophie. Il y mourra d’épuisement en 1650), elle veut faire de son pays le centre intellectuel et culturel d’Europe. Vous l’aurez compris, c’est une personnalité forte et atypique. Excentrique, elle n’hésite pas à s’habiller en homme pour plus de liberté, et à mener, dit-on, une vie de fêtes plutôt libertine. A tel point qu’en 1654, à 28 ans, elle décide d’abdiquer en faveur de son cousin Charles-Gustave pour être libre de partir visiter l’Europe, avide de découvertes qu’elle est : Anvers, Rome, et bien sûr la France alors gouvernée par Louis XIV et où elle arrive en 1656.


Le Roi Soleil n’est pas très flatteur à son sujet. Il compare son apparence disgracieuse à Fontainebleau dont « les bâtiments sont beaux et grands mais qui n’ont point de symétrie ». Et c’est d’ailleurs là que se situe notre intrigue et notre anecdote historique, à Fontainebleau.

Louis XIV et son principal ministre, le cardinal Mazarin, veulent profiter du séjour de Christine pour la convaincre de leur projet : après que la France aura attaqué le Royaume de Naples, alors espagnol, Christine doit en devenir la reine pour qu’à sa mort, sans mari ni enfant, elle lègue sa couronne à la France. Elle est partante, mais ces plans seront compromis car la mèche a été vendue et les Espagnols anticipent la défense de Naples qu’ils conservent. Quand elle apprend que le traître n’est autre que son amant, le marquis Giovanni Monaldeschi, Christine est folle de rage.


Elle est alors logée au château de Fontainebleau. Un jour, alors que Louis XIV et la cour ne sont pas encore arrivés, elle va profiter d’être en comité réduit pour organiser un crime sanglant. Le 10 novembre 1657, dans la galerie des Cerfs bâtie par Henri IV, Christine va commanditer l’assassinat de son grand écuyer et surtout favori: le marquis de Monaldeschi qui l’a trahie. A genoux, pendant 3 heures il la supplie de lui pardonner. Elle reste stoïque et ordonne qu’on l’exécute. Il se débat, on lui crève les yeux et on lui tranche la gorge. Christine le repousse d’un coup de pied dédaigneux, ravie d’avoir eu gain de cause.

Cependant, par cet acte, la reine plonge l’une des résidences royales préférées du roi de France dans une mare de sang… et vous le comprendrez bien, Louis XIV est furieux!


Quoi qu’il en soit, sachez que si cette histoire a eu lieu il y a plus de 350 ans, on raconte que la tâche de sang est toujours visible. Je ne l’ai pas vue pour ma part, mais elle n’apparaîtrait qu’à ceux qui veulent bien y croire. Dites-moi si c’est le cas pour vous!


En 1660, quand le roi son cousin meurt, Christine rentre en Suède. Sa mauvaise réputation l’oblige à renoncer et elle est exilée. Elle s’installe alors à Rome, ville d’arts qu’elle aime par-dessus tout, où elle mourra le 19 avril 1689.


Sources

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