Impossible d’être à Athènes sans visiter l’Acropole légendaire et ses monuments emblématiques de la Grèce antique classique. Dominant la ville du haut de son rocher sacré, perchée à 156 mètres au-dessus de la mer Égée, elle est visible de très loin, comme un repère immuable dans l’effervescence athénienne.
VISITER L’ACROPOLE, C’EST TRAVERSER DES SIÈCLES D’HISTOIRE
Dans la plupart des villes grecques, l’acropole, soit la ‘ville haute’, a une fonction défensive. Celle d’Athènes est occupée depuis la préhistoire (ses sources d’eau et sa hauteur protectrice en sont certainement la raison).
Par la suite, si dès l’époque mycénienne (-1650/-1100), les populations locales se retrouvent déjà sur cet emplacement stratégique surplombant toute la ville, c’est au 5e siècle avant notre ère que l’Acropole devient un lieu sacré dédié au culte de la divinité protectrice de la cité: Athéna, la déesse de la Sagesse, de la Guerre et de la Paix.
(Pour en savoir plus sur le mythe fondateur de la ville d’Athènes, rendez-vous dans l’article ou dans le podcast dédiés sur ce site).
Ainsi, en 490 avant J.C., en remerciement de leur victoire contre les Perses à Marathon, les Athéniens bâtissent un premier temple en l’honneur de leur déesse poliade (protectrice de la cité) en haut de l’Acropole : l’Hécatompédon («cent pieds»), qui sera détruit 10 ans plus tard, toujours pendant les guerres médiques (-490/-468) contre les Perses.
La paix revenue, c’est Périclès (-460/-429), un homme politique riche, influent et fin stratège élu aux plus hautes fonctions de la ville, qui va donner un nouveau visage à l’Acropole en lançant la construction de la plupart des monuments aujourd’hui célèbres. Pour les découvrir, je vous propose de me suivre dans la visite que j’ai faite de l’Acropole il y a quelques semaines.
VISITER L’ACROPOLE ET SES MONUMENTS LÉGENDAIRES
Une fois le portique d’entrée du site franchi, la visite de l’Acropole commence par le théâtre de Dionysos, le dieu du Vin, de l'Ivresse et de la Végétation, situé en contrebas de l’ancienne cité antique. Bâti en bois au 6e siècle avant notre ère, il a été reconstruit en marbre blanc entre -342 et -326 après l’effondrement de ses gradins.
On dit que l’art dramatique serait né dans ce ‘theatron’ («le lieu d’où l’on regarde»). Quoi qu’il en soit, dès le 5e siècle avant J.C., durant les Grandes Dionysies qui, à chaque printemps, célèbrent le dieu de la Fête, on y organise des processions et des concours de comédie, de drame ou de satire.
Ses soixante rangées de gradins accueillaient jusqu’à 17000 spectateurs. Les hauts dignitaires siégeaient dans la partie avant et centrale du théâtre sur des trônes de marbre autour du prêtre de Dionysos qui, lui, était installé sur un trône à pattes de lion.
Le théâtre de Dionysos sera remanié au 1er siècle par l’empereur Romain Néron afin d’accueillir, entre autres événements, les célèbres combats de gladiateurs.
La montée vers l’Acropole se poursuit par un chemin pavé, nommé Peripatos, bordé de nombreux vestiges archéologiques parmi lesquels :
La stoa (galerie) ou portique d’Eumène : cette galerie couverte à deux étages permettait de rejoindre les deux théâtres de la colline à l’abir du soleil ou des intempéries. Elle a été offerte par le roi de Pergame (aujourd’hui Bergama en Turquie), Eumène II -197/-159) ;
Le sanctuaire d’Asclépios ou Asclèpieion : bâti en -420 en l’honneur du dieu de la médecine autour d’une source d’eau sacrée, on y accueillait les malades et y prodiguait des soins médicaux.
Le Peripatos nous permet ensuite de rejoindre le magnifique Odéon d'Hérode Atticus, un théâtre où se produisent encore aujourd’hui des spectacles et des concerts. Comme son nom l’indique, cet odéon –lieu littéralement dédié au chant et à la musique- a été fondé vers 161 par Hérode Atticus (101-176), un orateur, philosophe et mécène d’Athènes, en souvenir de son épouse. Il pouvait recevoir jusqu’à 5 000 spectateurs, abrités à l’époque sous un toit en bois de cèdre. La majestueuse façade en arrière-scène qui ouvre sur la ville d’Athènes accueillait, quant à elle, une série de statues aujourd’hui disparues.
Après quelques mètres de montée supplémentaires, le chemin conduit au plus près de l’entrée de l’Acropole en passant par la porte Beulée. Cette porte encadrée par deux tours, construite au 3e siècle (267) pour protéger la ville après les attaques du peuple germanique des Hérules, tient son nom du français Charles Beulé qui l’a découverte en 1852.
On gravit alors les quelques marches édifiées par les Romains au 3e siècle et qui mènent directement en contrebas des Propylées. Les Propylées sont les immenses portes d’entrées du site de l’Acropole construites par l’architecte Mnésiclès en 437 avant J.C. Elles sont impressionnantes et renforcent le sentiment qu’on pénètre un lieu exceptionnel.
C’est ainsi que sous nos yeux se dévoilent -parfois au milieu d’une foule de touristes- les principaux monuments de l’Acropole, vestiges d’un Athènes antique mythique que l’on connaît toutes et tous, avant-même de l’avoir visité :
Le Parthénon: Ce monument grandiose et emblématique de style dorique en marbre blanc a été bâti entre -477 et -432 par le sculpteur Phidias et les architectes Ictinos et Callicratès. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce n’est pas un temple dédié à la déesse, mais un écrin majestueux conçu pour accueillir une colossale statue chryséléphantine (en or et ivoire) de 12 mètres de haut représentant Athéna Parthénos (Athéna Vierge).
Le temple d’Athéna Niké: un temple en marbre blanc dédié à Athéna Niké (victorieuse), érigé entre -425 et -424 par Callicratès, et qui domine le rocher de l’Acropole du haut de son promontoire de 8 mètres, à droite des monumentales Propylées.
L’Erechthéion: Bâti après la mort de Périclès, entre -421 et -406, ce temple divisé en deux parties conserverait, dans sa section Ouest les corps de deux rois légendaires de l’histoire d’Athènes, Cécrops, le roi mi-homme mi-serpent, et son père, le roi Erechthée ; et dans sa section Est, un temple dédié à Athéna Polias (protectrice de la cité).
Sa partie centrale serait, en outre, un vestige du Pandroseïon, un temple élevé sur le lieu sacré où Athéna et Poséidon se seraient disputé la protection de la ville, et où l’olivier offert aux Athéniens par la déesse aurait ensuite poussé. L’Erechthéion serait ainsi également un temple hommage aux deux divinités.
Pour ma part, c’est la partie Sud du temple que je trouve la plus remarquable, avec son portique des Cariatides. Selon moi, ce décor composé de six statues de jeunes filles délicatement sculptées de 2,31 mètres de haut fait de l’Erechthéion l’un des monuments les plus intéressants de l’Acropole.
L’ACROPOLE : UNE HISTOIRE RICHE DÉVOLUTIONS
Après avoir perdu sa puissance au 4e siècle avant J.C., Athènes passe aux mains des Macédoniens, puis, à partir du 2e siècle de notre ère, sous domination romaine. A partie de là, chaque occupant étranger va s’attacher à marquer le rocher sacré de l’Acropole de son empreinte.
Les Romains (2e siècle avant J.C. /6e siècle après J.C.) créent un temple dédié à Rome et l’escalier des Propylées, les Byzantins (6e - 13e siècles) transforment le Parthénon et l’Erechthéion en églises; les Francs, au 13e siècle, érigent un donjon, et les Ottomans, au 15e siècle, créent une mosquée au sein du Parthénon.
L’Acropole va ensuite subir de nombreuses destructions, comme en 1687 où une partie du Parthénon explose dans les échanges entre Turcs et Vénitiens. Par la suite, au 19e, les Anglais et autres puissances européennes pilleront beaucoup des trésors archéologiques qui se trouvaient dans l’Acropole, comme la frise du Parthénon qui est ainsi aujourd’hui exposée entre le Louvre et le British Museum. Enfin, après l’indépendance grecque en 1830, les édifices turcs et étrangers seront détruits. Il faudra en outre attendre 1898 pour que la restauration débute, et surtout 1975 où va naître un comité de conservation de l’Acropole.
INFORMATIONS PRATIQUES
Il vaut mieux réserver pour visiter l’Acropole. Vous serez assurés de pouvoir entrer et vous ne ferez pas la queue.
Pour réserver, rendez-vous ici sur le site officiel.
Cependant, je vous recommande de prendre un billet combiné avec l’Acropole et les principaux sites archéologiques d’Athènes. Par exemple, ici, sur Tiqets, mais il y a d’autres sites qui le proposent. Ce sera largement plus rentable que de payer séparément chaque visite.
SOURCES
Geo Guide « Îles grecques et Athènes », guides Gallimard, édition 2017.
Guide Lonely Planet « Athènes en quelques jours », édition 2022.
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